À la Une: l’onde de choc des atrocités commises au Soudan

Une guerre oubliée, ignorée par les grands médias internationaux, et qui se retrouve désormais sous les feux de l’actualité : il aura fallu les terribles massacres de civils à El-Fasher pour que le monde prenne conscience de l’atrocité de cette guerre et commence à réagir, notamment par le biais des Nations-Unies.
C’est le constat dressé par le Sudan Tribune, l’un des rares médias encore en activité au Soudan. « La chute d’El-Fasher et le génocide et le nettoyage ethnique perpétrés par les FSR nous rappellent cruellement l’incapacité du monde à tirer les leçons de l’histoire, affirme le quotidien soudanais. L’inaction de la communauté internationale face aux atrocités a enhardi les auteurs de ces crimes, permettant au conflit de dégénérer en une véritable crise humanitaire. La communauté internationale doit prendre des mesures immédiates et énergiques pour protéger les civils, garantir que les auteurs de crimes de guerre rendent des comptes et mettre fin aux violences. Les peuples du Darfour et du Soudan ne méritent rien de moins. »
Et le Sudan Tribune d’« exiger un cessez-le-feu immédiat, la garantie de l’accès humanitaire, la protection des civils de la violence, l’arrêt des livraisons d’armes, l’activation d’enquêtes indépendantes et la mise en œuvre de sanctions ciblées contre les individus et les entités responsables de crimes de guerre et d’atrocités ».
Ceux qui « entretiennent le chaos »
Récemment, Le Monde à Paris dénonçait « l’insupportable passivité internationale face à la tragédie au Soudan » et constatait qu’« aucune des grandes puissances qui se disent officiellement préoccupées par le sort des Soudanais n’a jamais demandé le moindre compte à ceux qui entretiennent le chaos ». En effet, précisait le journal, « pour le plus grand malheur des Soudanais, cette lutte pour le pouvoir et pour les ressources est entretenue et attisée par l’interventionnisme de puissances régionales qui font du Soudan le terrain par procuration de leurs rivalités ».
La Croix, toujours à Paris, rebondit : « la crise soudanaise s’étend bien au-delà des frontières du pays : les paramilitaires (des FSR) sont soutenus par les Émirats arabes unis, tandis que l’armée régulière reçoit l’aide de l’Égypte, de l’Arabie saoudite ou encore de la Turquie. Elle représente un enjeu international majeur, d’autant qu’une partition du pays, déjà amputé du Soudan du Sud en 2011, n’est plus à exclure ». « Cette tragédie nous concerne tous, s’exclame encore le quotidien catholique. Les victimes ne sont d’aucun camp ; elles sont d’abord nos frères et sœurs, installés sur une terre qui voit se succéder les drames à un rythme infernal depuis au moins 20 ans. Il y a peu d’endroits au monde qui concentrent autant de malheurs dans une telle indifférence. »
Pression
Alors, « face à l’ampleur des accusations et des preuves, relève Afrik.com, le chef des FSR, le général Hemetti, a tenté de désamorcer la crise en annonçant l’ouverture d’enquêtes sur les agissements de certains de ses paramilitaires. Cette annonce a été suivie par plusieurs arrestations en fin de semaine dernière, dont celle d’un combattant surnommé Abou Loulou, dont l’authenticité de vidéos le montrant exécuter des personnes non-armées a été confirmée. Toutefois, pointe encore le site panafricain, le Haut-Commissariat des Nations unies exige davantage. Il réclame des “enquêtes indépendantes, rapides, transparentes et approfondies“ sur toutes les violations présumées du droit international, ainsi que l’obligation pour leurs auteurs de “rendre des comptes“. La tragédie d’El-Fasher accentue la pression internationale pour que justice soit faite au Soudan. »
Tragédie humanitaire
En attendant, « le Soudan est devenu une boucherie à ciel ouvert, soupire Seneweb à Dakar. « Une zone de non-droit, un haut lieu des violations des droits humains. (…) On ne peut plus parler simplement de guerre, tant les violences et les atrocités dépassent toute mesure. Il s’agit désormais d’une tragédie humanitaire aux allures de sanction génocidaire, poursuit Seneweb. Le Soudan continue d’étonner, d’effrayer et de choquer le monde par l’ampleur de cette violence inouïe, orchestrée par deux généraux, deux seigneurs de guerre, (…) dont le seul objectif est la préservation de leur pouvoir et de leurs intérêts personnel. »



