À Addis-Abeba, une cérémonie pour la restitution «d'objets symbolisant l'identité de l'Éthiopie»

Le 19 novembre 2025, 12 objets historiques avaient été rendus à l’Éthiopie. Ces artefacts proviennent de la collection privée de la famille d’un diplomate allemand, Fritz Weiss, envoyé en Éthiopie dans les années 1920. Ces objets ont fait leur retour, un siècle plus tard, à l’université d’Addis-Abeba. Ces pièces historiques sont désormais visibles au musée ethnographique de la capitale. 

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Avec notre correspondante à Addis-Abeba, Marlène Panara

Sur l’estrade face au public trônent deux boucliers en métal et deux couronnes. Ramon Wyss, petit-fils du diplomate Fritz Weiss, qui avait acquis les artefacts, et Yohaness Adigeh, directeur de l’Institut des études éthiopiennes, signent l’acte de donation et échangent une poignée de main : les douze objets appartiennent officiellement à l’Éthiopie.

Ramon Wyss ne cache pas sa satisfaction. « C’est un moment très émouvant, car l’Éthiopie a toujours occupé une place importante dans l’histoire familiale, assure-t-il. Mon père y est né et ma tante a joué avec les enfants d’Haïlé Sélassié ».

« Ce qui les distingue des autres, c’est la qualité des matériaux utilisés »

L’idée de faire revenir les trésors éthiopiens, transmis de père en fils, a germé il y a quelques années dans son esprit : « C’est en partie grâce à ma femme. Elle demandait toujours pourquoi nous les gardions chez nous. Ils devraient appartenir à un musée. J’étais d’accord avec elle, et j’ai tout de suite pensé qu’ils devaient retourner en Éthiopie. Ils devaient être exposés ici, par le peuple éthiopien, car ils font partie de leur culture et de leur patrimoine. »

Bien que ces artefacts n’aient pas été pillés, leur retour constitue une étape importante pour la connaissance de l’histoire éthiopienne, se réjouit Yohannes Adigeh : « Ces objets symbolisent l’identité historique, religieuse et culturelle de l’Éthiopie. Ce qui les distingue des autres, c’est la qualité des matériaux utilisés : certains sont en argent. De plus, l’augmentation du nombre d’artefacts collectés par l’Institut offre une plateforme supplémentaire d’étude de la culture et de l’histoire éthiopiennes. »

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«À quoi bon garder des objets qu’on ne montrera jamais à quiconque», en Europe?

Bien que l’Éthiopie n’ait jamais été colonisée, la restitution d’objets pillés est prégnante dans ce pays. Au cœur des débats, notamment : le retour de milliers d’objets volés en 1868, lors d’une expédition militaire britannique pour libérer des émissaires anglais. « Ils ont pris ces objets qui sont répandus maintenant dans 27 musées en Grande-Bretagne, en Écosse et en Pays-de-Galle, explique Alula Pankhurst, anthropologue et membre de la Fondation pour le patrimoine éthiopien. Il y a des objets sacrés comme des tabots [répliques des tables de la Loi utilisées par l’Église éthiopienne orthodoxe, NDLR] qui sont très importants pour l’église orthodoxe, qui sont par exemple dans Westminster Abbey en Angleterre, ou le British Museum, que le British Museum a décidé qu’il ne montrerait jamais au public. Alors à quoi bon garder des objets qu’on ne montrera jamais à quiconque ? » Il poursuit : « En ce qui concerne les restitutions des musées, en Grande-Bretagne, c’est très difficile parce qu’il y a une loi qui dit que les objets ne peuvent pas sortir des musées. Il y a eu des exceptions. Par exemple, le National Army Museum, le musée de l’armée, avait un peu de cheveux de l’empereur Tewodros, qu’ils ont rendus il y a quelques années. » Alula Pankhurst conclut : « Je pense que, maintenant, dans le monde, les questions de restitution sont devenues beaucoup plus importantes et il y a un sentiment que des objets qui ont été pillées en Afrique ne devraient pas rester dans des musées en Europe. »

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