Comment convaincre les jeunes Africains de se lancer dans l'agriculture?

Depuis lundi ONG, chercheurs et entrepreneurs – venus de 80 pays – sont réunis à Dakar pour parler innovation et transformation de l’agriculture en Afrique. La quinzième édition du Forum africain des systèmes alimentaires a placé la jeunesse au cœur des débats. C’est sur elle que repose la lourde tâche de mettre fin à l’insécurité alimentaire dont souffrent les populations africaines, alors que le continent compte 65% des terres arables de la planète.

Le constat de Benjamin Njenga est alarmant : « La plupart des agriculteurs africains ont entre 50 et 60 ans ». Ce Kenyan a co-fondé en 2017 Apollo Agriculture, une entreprise technologique basée à Nairobi qui aide aujourd’hui près de 400 mille agriculteurs au Kenya et en Zambie à transformer leurs cultures de subsistance en agriculture commerciale. Pour attirer les jeunes vers l’agriculture, estime-t-il, il faut comprendre leurs besoins et lever les obstacles. « Nous devons investir dans des cultures qui permettent d’obtenir des rendements rapides. La plupart des jeunes veulent gagner de l’argent rapidement. Mais pour cela, il faut d’abord les aider à accéder à des financements. Puisque, poursuit Benjamin Njenga, beaucoup de ces jeunes n’ont ni de terres ni de capital à investir. Ils n’ont pas non plus de garanties. Nous devons donc être en mesure de leur proposer un financement très flexible ».

Changement climatique : le défi ultime

Un défi qui plane au-dessus de tous les autres, c’est le changement climatique. Selon les données de l’Organisation météorologique mondiale, l’augmentation des températures a déduit la croissance de la productivité agricole en Afrique de 34% depuis des années 1960. La vulnérabilité du continent africain est bien supérieure à celle observée dans d’autres régions du monde. Notamment, parce que « la plupart des petits exploitants agricoles dépendent encore de la pluie pour leur production », souligne Benjamin Njenga. « Très peu d’entre eux ont recours à l’irrigation. Cette dépendance à la pluie a un impact considérable dans l’ère du changement climatique alors que les sécheresses et les inondations sont plus fréquentes et plus longues. Les ravageurs et les maladies constituent également un défi majeur ».

Investir dans l’adaptation et la résilience 

Il s’agit donc de permettre aux jeunes en Afrique d’accéder aux techniques d’adaptation aux effets du changement climatique. De très nombreux programmes existent déjà. Mais ces connaissances et le savoir-faire ne sont pas encore accessibles à tous. Et l’adaptation seule ne suffira pas à convaincre les jeunes Africains à se lancer dans l’agriculture, une voie certes essentielle pour nourrir le continent mais dont l’avenir s’annonce complexe.

« Même si nous encourageons les jeunes agriculteurs à planter davantage d’arbres, à utiliser des semences plus résistantes à la sécheresse, à adopter des systèmes d’irrigation pour réduire leur dépendance à la pluie, nous devons continuer à les soutenir », souligne Benjamin Njenga. « Tout simplement parce qu’il va nous falloir continuer de produire de la nourriture malgré les sécheresses et autres catastrophes naturelles qui vont s’amplifier. Conséquemment, il faut également investir dans la capacité des agriculteurs à se relever après une catastrophe. Comment les aider à souscrire des assurances et transférer ainsi une partie des risques climatiques sur les marchés financiers ? Il reste donc encore beaucoup à faire dans ces deux domaines : aider les agriculteurs à s’adapter, mais aussi à résister au changement climatique ».

Autant de questions éminemment politiques dont doivent s’emparer les parlements et les gouvernements africains.

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