Procès de Tundu Lissu en Tanzanie: «une manière d’étouffer toute voix alternative avant les élections»

Le climat se tend en Tanzanie, à deux mois de la présidentielle. llustration avec le procès de l’opposant Tundu Lissu, ouvert cette semaine, le lundi 18 août, après de multiples reports et aussitôt renvoyé devant la Haute Cour.
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Pour les défenseurs des droits humains, cette affaire illustre le rétrécissement de l’espace civique : observateurs étrangers refoulés, témoins protégés, suspension de la retransmission en direct… autant de signes d’un procès jugé politiquement motivé, dans un climat déjà étouffant, à l’approche du scrutin du 29 octobre.
L’épisode qui a particulièrement alerté les défenseurs est survenu en juin lorsque des activistes, venus du Kenya et de l’Ouganda pour assister au procès de Tundu Lissu, ont été arrêtés e maltraités — certaines femmes ont été victimes d’agressions sexuelles — avant d’être refoulés.
« Étouffer toute voix alternative »
Pour Fulgence Massawe, directeur du Legal and Human Rights Centre, ce harcèlement illustre la volonté du pouvoir de faire taire toute voix dissidente : « C’est une démonstration de force, une manière d’étouffer toute voix alternative à l’approche des élections. »
Selon lui, le cas de Tundu Lissu s’inscrit dans une stratégie plus large visant à museler son parti, Chadema, qui réclame depuis des mois des réformes électorales : « Ce procès est fabriqué de toutes pièces, une menace claire pour la démocratie en Tanzanie. Les membres de son parti sont harcelés, empêchés de voyager… C’est un harcèlement politique systématique pour les réduire au silence, avant le scrutin. »
Opacité
Un tel engouement autour du procès pourrait se reproduire, estime Fulgence Massawe, avec la décision de couper la retransmission en direct, d’autant que les élections elles-mêmes s’annoncent opaques : « Autrefois, les appels d’offres pour le matériel électoral étaient publics. Aujourd’hui, tout se passe dans l’ombre, aucune transparence et la Commission électorale ne donne aucune explication à la population. »
La campagne électorale doit s’ouvrir la semaine prochaine et durer 60 jours, jusqu’au 29 octobre, date de l’élection présidentielle.
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