Cameroun: Fondation ASAF – Eran Moas & Djaïli Amadou donnent la parole à la jeunesse

Sur le continent africain, l’écriture a toujours été bien plus qu’un simple exercice littéraire. Elle est un outil de dénonciation, un espace de mémoire et une arme de sensibilisation.

Hier comme aujourd’hui, les écrivains africains ont su manier la plume pour dire l’indicible et interroger leurs sociétés. Aujourd’hui, cette tradition trouve un nouveau souffle au Cameroun, où la Fondation ASAF Cameroun  d’Eran Moas, aux côtés de l’écrivaine Djaïli Amadou Amal, mise sur la jeunesse pour écrire le futur.

La plume africaine comme arme sociale

Depuis les années 60, la littérature africaine s’est imposée comme un contre-pouvoir, souvent plus efficace que des discours politiques. Au Cameroun, Mongo Beti abordait avec courage les limites et incohérences des systèmes coloniaux et postcoloniaux.  Au Sénégal, Mariama Bâ bouleversait les mentalités en donnant voix aux femmes avec Une si longue lettre. Plus récemment, le Kényan Ngũgĩ wa Thiong’o a choisi d’écrire en kikuyu, affirmant que résister passe aussi par la langue.

Ces voix, issues de contextes différents, ont en commun d’avoir utilisé la fiction pour provoquer un débat, faire réfléchir, ou dénoncer ce qui restait tu. Et aujourd’hui, une nouvelle génération reprend le flambeau. Les écrivains, mais aussi les slameurs et les blogueurs, alertent sur la corruption, l’injustice sociale ou encore la mémoire des conflits. La plume demeure une arme pacifique, mais redoutablement efficace.

Au Cameroun, Djaïli Amadou Amal et Eran Moas souhaitent incarner cette continuité. Les best seller de Djaili Amadou Amal, Les Impatientes, Cœur du Sahel ou encore Le harem du roi, plongent dans la réalité des mariages précoces et des violences faites aux femmes. En 2020, elle a remporté le Prix Goncourt des lycéens, devenant la première lauréate africaine de ce prestigieux prix. “Écrire, c’est refuser l’injustice”, aime-t-elle rappeler. Son succès international a prouvé qu’un récit ancré dans le Sahel pouvait résonner à Paris, Dakar ou Abidjan, et surtout ouvrir les yeux dans les familles et les écoles.

La Fondation ASAF Cameroun d’Eran Moas donne la parole aux enfants et adolescents

Aujourd’hui, Djaïli Amadou Amal et Eran Moas s’engagent aussi sur un autre front : celui de la jeunesse. Promue ambassadrice d’honneur de la Fondation ASAF Cameroun  par son fondateur, Eran Moas, elle a lancé, à travers une vidéo, le premier concours national d’écriture ASAF Cameroun 2025. Ouvert aux enfants et adolescents de 8 à 16 ans, ce concours verra Djaïli Amadou Amal siéger également au jury.

Le thème choisi, « Raconter demain », invite les participants à imaginer leur avenir et à inventer le monde qu’ils souhaitent bâtir. Les textes peuvent prendre la forme d’un récit, d’un conte, d’un poème ou d’un témoignage, l’essentiel étant que la parole vienne d’eux.

L’initiative n’a rien d’anodin. Pour beaucoup de jeunes, c’est une occasion unique de pratiquer l’écriture créative en dehors du cadre scolaire, dans une démarche libre et personnelle. Le concours stimule la lecture, développe la réflexion et valorise la maîtrise de la langue, autant de compétences cruciales dans un pays où l’accès à la culture reste un défi.

Pour soutenir cette démarche, les bibliothèques Djaili Amal Amadou mettent en place des ateliers d’écriture, offrant aux enfants un espace pour explorer leur créativité, affiner leur style et découvrir le plaisir de raconter. Encadrés par des écrivains expérimentés, les participants reçoivent des conseils précieux et sont encouragés à poursuivre leur passion pour l’écriture.

« Chaque texte est une graine d’avenir. À travers eux, les enfants et adolescents nous montrent comment ils imaginent leur société, leurs rêves, leurs défis. C’est une manière de leur donner une voix », confie Eran Moas, fondateur de la Fondation ASAF Cameroun.

Ainsi, le concours ne se limite pas à la production de textes : il crée un véritable dialogue entre les jeunes et la société. Chaque écrit devient un miroir de leurs aspirations, une fenêtre ouverte sur leurs idées et leur vision du monde. Cette démarche permet de valoriser leur créativité tout en les sensibilisant à l’importance de la culture et de l’expression personnelle.

En encourageant les jeunes Camerounais à écrire, la Fondation ASAF Cameroun  entend prolonger la longue tradition africaine d’une littérature engagée. Après Mongo Beti, Mariama Bâ et Ngũgĩ wa Thiong’o, c’est une nouvelle génération qui prend la plume pour raconter son monde et préparer demain.

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