Érythrée: une ONG s'alarme du sort de sept prêtres chrétiens détenus sans procès depuis 20 ans

En Érythrée, sept prêtres chrétiens sont emprisonnés depuis plus de 20 ans, sans inculpation ni procès. À l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de violences liées à la religion, l’ONG Portes Ouvertes alerte sur leur sort. Un symbole des restrictions extrêmes à la liberté de culte dans ce pays parfois surnommé la « Corée du Nord de l’Afrique ».
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Pour David Haemerlin, directeur général de Portes Ouvertes France, le sort des pasteurs illustre que la moindre dissidence n’est pas tolérée. « On se rend bien compte que c’est le fait qu’ils soient des responsables chrétiens qui fait qu’ils sont recherchés. L’État souhaite avoir un droit de regard sur tout ce qui est prêché, tout ce qui est fait. Toute dissidence, quelle qu’elle soit, est persécutée », rapporte-t-il.
Même les religions officiellement reconnues par l’État n’échappent pas aux restrictions. « En Érythrée où il y a quatre religions autorisées, trois chrétiennes et une musulmane sunnite. Certains des prêtres orthodoxes pour lequel nous nous plaidons, en fait, font partie d’une communauté autorisée. Même ces communautés-là également ont des restrictions importantes de fonctionnement ».
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« Ils ont l’habitude d’enfermer les gens dans des containers métalliques »
Privés de procès et d’avocat, ces pasteurs ne reçoivent aucune visite de leur famille. Le révérend Kidane Veld, par exemple, a dû être conduit plusieurs fois en clinique en raison de problèmes ophtalmiques liés à un diabète aggravé par ses conditions de détention « terribles », note David Haemerlin.
« Les conditions de détention en Érythrée sont terribles. Ils ont l’habitude, en particulier, d’enfermer les gens dans des containers métalliques, ce qui sert normalement au transport maritime. Et en fait, dans le désert érythréen, là où le soleil tape, c’est une véritable torture ». « Ce que nous souhaitons, c’est que le sort de ces sept pasteurs soit revu et qu’ils puissent être libérés », appelle le directeur de Portes Ouvertes France.
En France, l’organisation invite le public à se connecter sur son site, où sera disponible une lettre destinée à l’ambassade d’Érythrée pour lui demander de faire respecter la constitution du pays – un texte qui proclame la liberté de religion, mais qui n’est jamais entré en vigueur.
Selon Human Rights Watch, l’Érythrée figure parmi les pays où les libertés fondamentales – politiques comme religieuses – sont les plus restreintes au monde.
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