Cameroun: Présidentielle – Un collectif d'avocats dénonce le risque de procès militaires pour des civils

Au Cameroun, la directrice exécutive du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), Maximilienne Ngo Mbe, alerte sur la situation de plusieurs personnes arrêtées le 4 août dernier, jour des audiences du contentieux pré-électoral devant le Conseil constitutionnel à Yaoundé. Ces arrestations ont principalement visé des citoyens venus assister ou attendre devant le bâtiment les résultats des audiences, parmi eux des partisans de l’opposant Maurice Kamto, dont la candidature à la présidentielle d’octobre a été invalidée.
Selon le Collectif d’avocats Sylvain Souop, qui tente de suivre ces dossiers, au moins 25 personnes sont encore en détention au Cameroun, après deux semaines de garde à vue. Au micro de notre journaliste du service Afrique de RFI Amélie Tulet, Maximilienne Ngo Mbe s’inquiète surtout du risque que ces civils soient traduits devant la justice militaire.
« Nous avons des informations selon lesquelles les 25 personnes qui restent aujourd’hui en garde à vue préventive risquent d’être traduites devant le tribunal militaire. C’est une curiosité camerounaise que nous voyons de plus en plus : des civils jugés par une juridiction militaire, souvent pour des motifs graves qui ne correspondent en rien à la réalité ».
La défenseuse des droits humains dénonce des poursuites sans fondement. « Nous avons vu ce qui s’est passé au Conseil constitutionnel. À aucun moment, nous n’avons vu des personnes commettre un acte d’insurrection. Je ne vois pas en quoi soutenir son candidat et venir écouter le Temple de là où on dit le droit débats devient un crime. On ne peut pas ériger le tribunal militaire aujourd’hui comme une règle pour juger des civils ».
« Nous nous demandons qu’on libère purement et simplement ces jeunes-là et que tout ce qui est autour des procès pour faire taire des gens, soit stoppé. L’État de droit, ce n’est pas pour les uns, c’est pour tout le monde », ponctue-t-elle.