Liberia: le parti de l'ex-président George Weah menacé d'expulsion de son siège historique

Au Liberia, le Congress for Democratic Change, parti de l’ancien président George Weah, risque de perdre son siège historique de Congo Town, à Monrovia. La Cour suprême a ordonné son expulsion, après des années de litige avec la propriétaire du terrain. Pour les partisans, ce lieu marqué par un sycomore centenaire est un symbole de l’histoire du CDC. Mais l’affaire va bien au-delà d’une simple querelle immobilière. Elle met en lumière la fragilité des partis politiques libériens, souvent incapables de posséder leurs propres sièges. 

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Ce n’est pas la première fois qu’un grand parti vit une telle humiliation : en 2021, l’Unity Party du président Joseph Boakai avait déjà été expulsée de son siège à Congo Town, dans un autre bâtiment du même quartier, pour non-paiement de 150 000 dollars de loyers.

Pour l’analyste libérien Abdullah Kiatamba, l’expulsion du CDC est d’abord une perte symbolique : « C’est le siège historique du CDC, là où George Weah a remporté les élections. Il est unique, et reste dans le cœur des partisans, avec ce fameux sycomore, l’arbre emblématique où l’on venait parler de la vision du CDC et rallier les jeunes. Donc le parti perd non seulement son siège, mais aussi une part de sa mémoire. »

C’est le siège historique du CDC, là où George Weah a remporté les élections. Un lieu presque monumental, où se sont joués les moments les plus marquants de la vie du parti. Il est unique, et reste dans le cœur des partisans, avec ce fameux sycomore, l’arbre emblématique où l’on venait parler de la vision du CDC et rallier les jeunes. Mais cette menace d’expulsion est, pour moi, un échec total de leadership. Le CDC avait tellement d’argent : ses responsables construisaient partout, ils ont même investi dans les locaux du siège. Ils auraient pu régler ce litige et trouver un autre lieu. Ils en avaient les moyens. Mais le président a bâti une villa entière, d’autres des palais au bord de la mer… mais pas leur propre siège. Peut-être pensaient-ils ne jamais perdre les élections, ou que la propriétaire ne chercherait pas à les expulser. C’est un mauvais calcul, un manque de jugement, et un signe de faiblesse politique.

Pour l’analyste libérien Abdullah Kiatamba, c’est un revers symbolique: «Un signe de faiblesse politique»

Christina Okello

Et comme en 2021, l’expulsion devient un sujet de moquerie entre les deux camps, l’Unity Party et le CDC. Mais au-delà des sarcasmes, l’activiste Maxson Kpakio y voit le signe d’une fragilité structurelle : « Quand l’Unity Party avait été expulsée, le CDC s’était moqué, disant “comment rester douze ans au pouvoir et se faire chasser de son siège ?” Aujourd’hui, c’est l’inverse. Mais le vrai problème, c’est que 80 à 90 % des partisans ne paient pas de cotisations. Dans ces conditions, comment exiger des comptes ? C’est comme si tout le monde restait silencieux sur le fonctionnement des partis. »

Le CDC a annoncé qu’il allait contester la décision de justice. En attendant, le parti prépare déjà une transition vers un nouveau siège national. 

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