Afrique du Sud : l’ex-roi des rhinocéros rattrapé par le trafic de cornes

Un rhinocéros couché sur le sol
Un rhinocéros couché sur le sol

En Afrique du Sud, l’arrestation de John Hume, 84 ans, ancien plus grand éleveur de rhinocéros blancs, relance le débat sur la conservation privée. Accusé de trafic de cornes, il est soupçonné d’avoir organisé depuis 2017 l’exportation illégale de près de 964 cornes. Libéré sous caution, il doit comparaître le 9 décembre, en pleine Conférence de la CITES.

Ancien symbole de la conservation privée des rhinocéros, John Hume, 84 ans, a été arrêté en Afrique du Sud pour trafic de cornes. Celui qui fut le plus grand éleveur de rhinocéros blancs au monde se retrouve aujourd’hui au cœur d’une affaire judiciaire aux répercussions internationales.

De la conservation à l’accusation de trafic

John Hume n’est pas un inconnu dans la lutte pour la survie des rhinocéros. Pendant des années, il a dirigé la plus vaste réserve privée au monde, abritant plus de 2 000 rhinocéros blancs, soit près de 15 % de la population mondiale de l’espèce. Mais depuis la vente de sa ferme en 2023, son nom est désormais associé à un vaste système de permis frauduleux. Selon la police sud-africaine, Hume et ses complices auraient organisé depuis 2017 l’acheminement de près de 964 cornes vers le marché noir international.

Arrêté le 19 août 2025, Hume a été présenté au tribunal de Pretoria aux côtés de cinq autres suspects. Libéré sous caution, il devra comparaître le 9 décembre prochain. Cette date coïncidera avec la Conférence des parties à la CITES, en Ouzbékistan, où la question du commerce des cornes de rhinocéros figure déjà parmi les dossiers brûlants.

Un marché noir qui prospère malgré les interdictions

Le commerce international des cornes de rhinocéros est prohibé par la CITES, mais la demande demeure très forte en Asie du Sud-Est. Sur le marché noir, le kilo peut atteindre 60 000 dollars. Utilisées dans la médecine traditionnelle ou comme symbole de prestige, ces cornes alimentent un trafic qui mine les efforts de conservation. En 2024, pas moins de 420 rhinocéros ont été tués par des braconniers en Afrique du Sud, un chiffre qui illustre l’ampleur du phénomène.

Tout au long de sa carrière, John Hume s’est présenté comme un défenseur des rhinocéros, affirmant avoir investi plus de 150 millions d’euros dans leur protection. Il plaidait pour la légalisation du commerce encadré des cornes, arguant que leur coupe régulière et non létale permettrait de financer la conservation. Mais pour de nombreuses ONG, dont la Fondation 30 Millions d’Amis, une telle ouverture aurait l’effet inverse : stimuler la demande et favoriser le trafic illégal.

Un symbole des limites de la conservation privée

L’affaire Hume illustre les contradictions de la conservation fondée sur des intérêts privés. Alors que l’Afrique du Sud concentre à elle seule près de 80 % des rhinocéros africains, le pays est devenu l’épicentre du braconnage et du trafic. Si certains estiment que la régulation du commerce pourrait offrir une issue, d’autres rappellent que le marché noir reste toujours plus rentable qu’une gestion légale.

En attendant son procès, John Hume cristallise une question fondamentale : peut-on protéger une espèce menacée en transformant ce qui la détruit en marchandise ?

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