Centrafrique: les vols de moto-taxis via l'empoisonnement des chauffeurs se multiplient à Bangui

En Centrafrique, une nouvelle forme de banditisme sans armes prend de l’ampleur avec le braquage avec intoxication, organisé à Bangui contre des conducteurs de moto-taxis. À la nuit tombée, les voleurs se font généralement passer pour des clients. Une fois dans les courses, dans des endroits calmes et reculés, ces derniers offrent gratuitement des boissons aux conducteurs, dans un geste loin d’être généreux : ces boissons contiennent des stupéfiants, du poison et des somnifères. Alors que l’hôpital communautaire de la capitale a documenté une soixantaine de cas, le syndicat des moto-taxis parle, lui, d’une centaine de véhicules volés avec cette méthode.

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Avec notre correspondant à Bangui, Rolf Steve Domia-leu

La nuit tombe au carrefour du Serpent, dans le 5ème arrondissement de Bangui. La zone est calme et presque tous les magasins ont baissé leurs rideaux, dans la capitale de Centrafrique. Un endroit hostile, pointé du doigt par Cyprien, un jeune conducteur de moto-taxi. « J’ai transporté un client depuis le centre-ville, raconte-t-il. On discutait de manière amicale. En cours de route, il m’a offert un jus d’orange que j’ai bu. Tout était normal jusqu’à ce que je perde connaissance dans cet endroit. Je me suis réveillé deux jours plus tard à l’hôpital sans retrouver ma moto ».

Dans la salle d’urgence de l’hôpital communautaire de Bangui, Saleh, un conducteur de moto, est couché avec un bandage autour de la tête. Âgé de 19 ans, il est inconsolable. « Le client que je transportais m’a donné une canette de boisson aux environs de 20h. Le goût était bizarre, plus fort que les stupéfiants. Tout est allé vite et j’ai ressenti une paralysie générale. Quand je me suis arrêté, il m’a violemment poussé à terre. Il est parti avec la moto », s’émeut-il.

« Nous recevons presque tous les jours des victimes »

Augina Wakanga, chef de service des urgences de l’hôpital communautaire, a enregistré une soixantaine de cas de ce genre en neuf mois. « Nous recevons presque tous les jours des victimes, assure-t-il. Le premier cas que nous avions identifié, c’était en novembre 2024. On a noté un pique en mai 2025. Au total, depuis le mois de novembre à ce jour, nous totalisons 68 cas ».

Sur le terrain, les enquêtes policières se poursuivent. Le syndicat des moto-taxis, qui compte environ 20 000 adhérents, a signalé la disparition d’au moins 130 motos.

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