Soudan du Sud : une crise qui menace de déborder au-delà des frontières

Salva Kiir, Président du Sud Soudan
Salva Kiir, Président du Sud Soudan

Le Soudan du Sud replonge dans la violence, ravivant la rivalité entre Salva Kiir et Riek Machar. La rupture de l’accord de paix de 2018 a relancé les combats et attisé les tensions intercommunautaires. L’ONU met en garde contre un risque d’embrasement régional aux conséquences imprévisibles.

Pendant ce temps, la population fait face à une crise humanitaire sans précédent.

Une rivalité politique qui alimente la guerre

Depuis mars, l’armée sud-soudanaise mène une vaste offensive contre les forces du Mouvement populaire de libération du Soudan dans l’opposition (SPLM-IO), fidèle à Riek Machar. Ce dernier, placé en résidence surveillée à Juba, est de fait écarté de la vie politique. Cette décision du président Kiir marque la fin du fragile accord de paix signé en 2018, qui avait instauré un partage du pouvoir entre les deux rivaux.
Mais l’éviction de Machar réveille les vieux démons de la guerre civile (2013-2018), qui avait déjà fait près de 400 000 morts. Loin de rétablir l’ordre, cette marginalisation attise les tensions intercommunautaires et accentue la défiance des populations vis-à-vis du pouvoir central.

L’alerte des Nations Unies

La sous-secrétaire générale de l’ONU pour l’Afrique, Martha Pobee, a mis en garde devant le Conseil de sécurité : « La posture actuelle de l’armée et les opérations en cours risquent d’exacerber les conflits entre communautés. » Selon elle, si la tendance se poursuit, la crise pourrait s’étendre et entraîner l’implication de pays voisins, notamment l’Ouganda, déjà accusé d’ingérences. Fin juillet, des affrontements à la frontière entre les armées ougandaise et sud-soudanaise ont fait plusieurs victimes, confirmant le danger d’un débordement régional.

Une crise humanitaire sans précédent

Au-delà des affrontements, la population paie le prix le plus lourd. Plus de 7,7 millions de Sud-Soudanais souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, et 83 000 se trouvent déjà au seuil de la famine. L’arrivée massive de réfugiés soudanais, fuyant la guerre civile voisine, accentue la pression sur un pays exsangue. Privé de ses revenus pétroliers, frappé par la corruption et paralysé politiquement, le Soudan du Sud s’approche dangereusement de l’effondrement.

Le spectre d’un embrasement régional

La crainte exprimée par l’ONU est claire : si la crise n’est pas rapidement contenue, elle pourrait déstabiliser l’ensemble de la Corne de l’Afrique et de la région des Grands Lacs. Les tensions ethniques, les rivalités politiques et l’ingérence d’acteurs extérieurs créent un cocktail explosif. À un an des premières élections promises pour décembre 2026, le pays semble mal préparé à relever le défi de la paix et de la démocratie.

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