Est de la RDC: avec ses dernières attaques, le groupe ADF «veut envoyer le message qu'il est toujours là»

Au moins 52 civils ont été tués dans des attaques des ADF dans l’est de la RDC, où ce groupe armé, qui a prêté allégeance au groupe terroriste État islamique, est à l’origine depuis juillet d’une nouvelle vague de violences meurtrières. Pour le chercheur Nicaise Kibel Bel, « les ADF ont une intelligence prévisionnelle, notamment dans le contrôle des renseignements » qui leur permet de surprendre les forces armées congolaises.
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Au moins 52 civils ont été tués dans une nouvelle série d’attaques attribuées aux Allied Democratic Forces (ADF) dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), entre le 14 et le 16 août, d’après le bilan de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco).
Le bilan le plus lourd a été enregistré dans le territoire de Lubero, dans la province du Nord-Kivu, où au moins 47 personnes ont péri dans plusieurs villages. D’autres assauts ont été signalés sur l’axe Eringeti–Kainama et à Oïcha, dans le territoire de Beni, toujours au Nord-Kivu.
Des localités incendiées, des véhicules et des maisons détruites : la recrudescence de violences inquiète les habitants et interroge sur les capacités de nuisance de ce groupe armé. Alors, qu’est-ce qui explique cette intensification des attaques des ADF ? Nicaise Kibel Bel, auteur de L’État islamique en Afrique centrale, de l’ADF/MTM en RDC à Al Sunnah au Mozambique, explique au micro de Patient Ligodi : « C’est un élément psychologique, car il faut reconnaître que les ADF ont une intelligence prévisionnelle, notamment dans le contrôle des renseignements. Ils choisissent le moment, ils choisissent la cible et souvent, ils le font sans que l’armée loyaliste soit capable de détecter leurs cibles. Lorsque les ADF frappent une population, une localité, l’armée a tendance à aller vite secourir la population et à poursuivre l’ennemi dans ses retranchements. Et les ADF en profitent pour frapper les positions dégarnies par l’armée. »
La Monusco affirme avoir renforcé sa présence militaire au Nord-Kivu et en Ituri
Il ajoute : « Enfin, il faut noter aussi que, avec la crainte que les affrontements reprennent avec le groupe AFC/M23, l’armée renforce les positions défensives et laisse pratiquement un vide. En fait, les ADF veulent envoyer le message clair qu’ils sont toujours là et qu’ils sont là pour monter un califat et que la population doit leur faire confiance à eux et non pas au gouvernement. »
Dans son communiqué dans lequel elle condamne ces attaques, la Monusco dit, elle, avoir renforcé sa présence militaire et son soutien aux autorités congolaises. Des patrouilles et des troupes additionnelles ont été déployées au Nord-Kivu et dans la province voisine de l’Ituri.
Après une relative accalmie ces derniers mois dans les provinces du Nord-Kivu (est) et de l’Ituri (nord-est), les ADF avaient massacré plus de 40 personnes dans une église fin juillet à Komanda, localité située en Ituri. Formés à l’origine d’anciens rebelles ougandais, les ADF ont tué des milliers de civils et multiplié les pillages et les meurtres dans le nord-est de la RDC, malgré le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés des forces armées congolaises (FARDC) dans la zone.