Cyclisme: pour Kim le Court, les Africains peuvent se faire une place dans le peloton international

Quelques semaines après la fin du Tour de France Femmes, RFI a joint la Mauricienne Kim le Court pour revenir sur son Tour de Femmes exceptionnelle et sur ses ambitions lors des prochains Championnats du monde à Kigali au Rwanda où elle a l’intention de briller. 

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Quelques semaines après le Tour de France. Est-ce que vous avez digéré un peu tout ce qui s’est passé, les victoires d’étapes, le maillot jaune. Est-ce que vous êtes un peu descendu de votre nuage ?

Pour être honnête, mes pieds n’ont jamais quitté la terre pendant la course. Ça passait tellement vite, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour apprécier. Après les étapes, il y avait les tests antidopage, le podium, la presse, ça n’arrêtait jamais. Pour moi, c’était vraiment bizarre, c’était presque un rêve que j’étais en train de vivre. Maintenant que je suis rentrée, je me rends compte ce que j’ai fait, mais je ne sais pas si je réalise encore. Je ne suis pas encore retournée à Maurice pour voir l’impact que cela a eu là-bas.

Le soutien de Maurice, vous en avez aussi parlé pendant le Tour, comment l’avez-vous vécu durant la course ?

Ça a été incroyable, sur les courses précédentes, je n’avais jamais vu un drapeau de Maurice. Mais sur le Tour, dès la première ou la deuxième étape, il y en avait. Et de plus en plus. Tous les matins, il y avait des drapeaux mauriciens autour du bus. L’équipe était impressionnée, ils n’avaient jamais vu autant de Mauriciens de leur vie. C’était vraiment un truc incroyable. J’ai rencontré des Mauriciens qui se sont installés en Europe ou en France il y a déjà 50 ans. Ils sont venus voir la course puisqu’elle passait dans leur village. Ils ne suivent pas le sport, mais ils sont venus. J’ai vu des familles avec des enfants qui avaient fait des bracelets aux couleurs de Maurice. Lorsque j’ai pris le maillot jaune lors de la deuxième étape, une petite fille m’a offert un bracelet, je lui ai dit que j’allais le porter le reste du tour. C’est ce que j’ai fait. Ce sont des moments comme ça qui me rappellent à quel point je suis fière de venir d’un petit pays comme Maurice.

II y a les Championnats du monde dans quelques semaines à Kigali au Rwanda. Est-ce que vous avez une pression particulière après vos résultats sur le Tour de France ?

Non, j’essaie de garder la tête sur les épaules. J’avais déjà en tête de gagner ces mondiaux avant le Tour, donc ça n’a pas trop changé mentalement. C’est sûr qu’avoir les Mondiaux sur le continent africain, c’est une pression supplémentaire. Je pense que c’est le moment parfait pour vraiment faire quelque chose de spécial pour le cyclisme africain. C’est la première fois que je vais aux Mondiaux avec l’objectif de remporter le maillot arc-en-ciel.

Vous avez déjà analysé le parcours ?

Le parcours me convient assez bien, je crois. Il est assez similaire aux classiques et monuments que je préfère. Il faut que ce soit assez dur pour que ça casse un peu dans le peloton. Je ne veux pas arriver avec une sprinteuse. Si j’arrive dans le final dans un petit groupe, je peux être la plus rapide. Mais avec une sprinteuse, c’est impossible. C’est assez semblable à Liège-Bastogne-Liège d’après ce que j’ai vu (Elle a remporté l’édition 2025, ndlr).

Quel est votre regard sur le cyclisme africain ? Comment voyez-vous son évolution sur le continent ?

J’ai reçu beaucoup de messages d’Africains et d’amis d’Afrique du Sud ou de Maurice. Ils me disent qu’ils sont beaucoup plus motivés maintenant parce que j’ai prouvé que c’est possible de se faire une place en tant cyclistes africains. C’est sûr que c’est possible. Il faut juste avoir l’opportunité, joindre la bonne personne au bon moment. Si on n’essaie pas d’envoyer des mails et des messages, on n’aura jamais une réponse. Il faut aussi que les cyclistes africains prennent leur courage à deux mains. Moi, je n’ai pas eu ce courage. C’est mon mari qui contacter les équipes. J’avais vraiment peur de me faire rejeter. Et je pense que la plupart des coureurs africains ressentent la même chose. On se sent réellement inférieurs. Donc, on craint de se prendre une claque, de ne pas avoir une réponse. Et je pense que c’est ça le plus gros problème.

Vous avez dit avoir reçu beaucoup de messages. Est-ce que c’est important pour vous d’être un modèle pour des jeunes filles ?

Je pense que oui, car quand il n’y a personne qui l’a fait avant toi, tu ne penses pas pouvoir le faire. Donc c’est compliqué. Comme j’ai montré que c’est possible, je pense que ça motive beaucoup plus de personnes. Aujourd’hui, les jeunes filles peuvent échanger avec moi, me poser des questions directement parce que je suis passée par là. J’essaie toujours de leur répondre le mieux possible. J’aime bien l’idée d’aider les plus jeunes.

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