La diaspora investit: au Burkina Faso, Raïssa et Stéphane explorent la filière du beurre de karité

Ils font partie de cette nouvelle génération d’entrepreneurs issus de la diaspora qui veulent investir sur le continent africain. Raïssa, Franco-Camerounaise, et Stéphane, Franco-Burkinabè, mûrissent un projet autour du beurre de karité, produit emblématique du Burkina Faso. Portrait d’un couple à la croisée des mondes, entre prudence, convictions et ambition.
La première rencontre avec Raïssa et Stéphane Ky, la trentaine, remonte à l’événement Back to Africa organisé en octobre 2024 par l’entrepreneur camerounais Philippe Simo, figure montante des diasporas africaines engagées dans l’investissement sur le continent.
Dix mois plus tard, leur projet a pris forme : « Étant originaire du Burkina, on s’est naturellement tournés vers le beurre de karité, un produit local avec un vrai potentiel, explique Stéphane. On est encore dans la phase de cadrage. On explore, on teste à petite échelle, mais on avance. »
Le couple vise un double ancrage : le Burkina Faso dans un premier temps, et à plus long terme la Côte d’Ivoire, pays voisin au marché dynamique. Mais pas question de se précipiter. « Il va falloir qu’on se forme. Moi, j’ai une formation en finance, Stéphane est ingénieur en informatique, donc l’agriculture, ce n’est pas encore notre domaine », précise Raïssa.
« Aujourd’hui, au Burkina, il y a une vraie dynamique autour de la transformation locale, observe Stéphane. Donner de la valeur ajoutée aux produits agricoles sur place, c’est à la fois bénéfique pour l’économie locale et intéressant financièrement. »
Investir, une question de timing
Comme beaucoup d’investisseurs issus de la diaspora, Raïssa et Stéphane sont conscients du contexte politique et économique instable. En 2023, les investissements directs étrangers (IDE) au Burkina Faso ont chuté de 87%, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Mais ils ne s’estiment pas découragés pour autant.
« J’ai la double nationalité, ce qui peut être un avantage, souligne Stéphane. Un profil comme le nôtre est peut-être plus agile qu’un investisseur étranger classique. » Raïssa, elle, insiste sur l’importance du timing : « Ce n’est pas en pleine période électorale qu’il faut se lancer. Il faut parfois attendre, laisser les choses se stabiliser, et ensuite saisir le bon moment. »
Et ce bon moment pour eux ? Ce sera pour bientôt, mais pas tout de suite. « On attend l’arrivée de notre deuxième bébé », confie Raïssa, le sourire aux lèvres, une main posée sur son ventre. Le projet karité attendra encore quelques mois, mais la conviction est là : l’avenir, c’est en Afrique qu’ils veulent l’écrire.
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