La Tunisie et le Maroc connaissent une année touristique 2025 en demi-teinte

En Tunisie, malgré des chiffres prometteurs du tourisme avec 5 millions de visiteurs enregistrés fin juillet 2025 et des recettes en hausse, les commerçants se plaignent d’un tourisme peu qualitatif et qui ne leur bénéficie pas. Le pays tente depuis plusieurs années de varier son offre touristique pour ne pas tabler que sur le tourisme de masse, mais dans la Médina de Tunis, les vendeurs restent sceptiques. Au Maroc, si 2024 a été marquée par des résultats exceptionnels, en matière de fréquentation touristique, l’année en cours marque un certain ralentissement du secteur.
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En Tunisie, dans les échoppes chamarrées de la Médina de Tunis, chaque mardi et jeudi, les vendeurs sont au garde à vous, car c’est jour de « babour » le mot en dialecte tunisien qui signifie l’arrivée du bateau de croisière au port de Tunis, constate la correspondante de RFI à Tunis, Lilia Blaise. D’autres ne misent pas sur les touristes des croisières pour qui le souk n’est qu’une étape parmi d’autres.
Mohamed vendeur depuis 30 ans en fait partie. « Honnêtement, je suis un peu choqué par les chiffres annoncés sur la reprise. On a tous entendu que cette saison allait être bonne, mais on tarde à le voir concrètement ici. Nous, on travaille principalement avec des Tunisiens qui font leurs courses ici, les touristes des croisières, eux, s’arrêtent à peine, ils ont souvent un circuit déjà préétabli, avec des visites ».
Il déplore aussi des touristes peu enclins à la dépense. « C’est vraiment plus comme il y a vingt ans, les touristes négocient de gros rabais pour tout, surtout les Français, ce sont ceux qui négocient le plus ».
Mais pour les vétérans de la Medina, cela fait bien longtemps que leur chiffre d’affaires n’est plus basé sur le tourisme, selon un autre commerçant, Abdelaziz Ben Jemaa. « Moi, je suis dans la rue principale du souk et ma clientèle, c’est surtout la diaspora des Tunisiens de l’étranger qui viennent passer leurs vacances ici. C’est ça qui fait ma saison, rien d’autre ».
Les apports en devises des Tunisiens résidant à l’étranger ramènent en effet plus que le tourisme ces dernières années. Fin juillet 2025, elles s’élevaient à 1,3 milliard d’euros contre environ 900 millions pour les recettes touristiques.
Au Maroc l’année 2025 marque un ralentissement
Le tourisme au Maroc traverse-t-il une période de turbulences ? Au sein de la presse du royaume, les avis divergent entre d’un côté les optimistes, qui évoquent une hausse continue de l’activité, et les pessimistes, qui entrevoient une crise du modèle actuel, rapporte le correspondant à Casablanca de RFI, Matthias Raynal. Les deux camps s’écharpent à coups de chiffres. Des chiffres qui sont ambigus. À première vue, ils traduisent bien une hausse. Le royaume a ainsi accueilli plus de 11 millions de touristes sur les sept premier mois de l’année 2025, soit une augmentation de 16% par rapport à 2024. Zoubir Bouhoute, est expert et consultant en tourisme. « Au cours de l’été 2025, le secteur du tourisme a continué à enregistrer des performances. Mais ce qu’on remarque, c’est que le rythme de progression a diminué ».
Selon lui, les chiffres augmentent, certes, mais le secteur connaît un ralentissement inquiétant. « Il y a peut-être ce phénomène de déséquilibre entre offre et demande, qui a fait que les prix ont augmenté. Et ces prix, en ayant augmenté, ont provoqué beaucoup de discussions sur les réseaux sociaux, ce qui a poussé à faire venir moins de personnes. Pas en termes absolus, mais moins de progression par rapport à ce qui était observé auparavant ».
Ce qui pèse notamment, c’est le changement des habitudes des Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui reviennent en masse chaque été. La hausse des prix constitue un point de friction majeur pour les MRE. Les vidéos ont pullulé cet été sur les réseaux sociaux, montrant ces Marocains qui dénoncent le coût exorbitant de certains biens et services.
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