Afrique: La BAD cartographie pour la première fois les associations de femmes entrepreneures

À Nouakchott, la Banque africaine de développement a dévoilé une étude inédite couvrant seize pays africains, révélant que si près d’une Africaine sur quatre est entrepreneure, 87 % des associations féminines souffrent d’un manque de capacités en gestion financière.
Une situation qui freine leur rôle dans le développement économique et qui appelle à des actions ciblées pour améliorer l’accès au financement.
La capitale mauritanienne a accueilli, le 6 août 2025, un atelier organisé par la Banque africaine de développement (BAD) autour d’un constat aussi encourageant qu’alerte : les femmes africaines sont massivement engagées dans l’entrepreneuriat – près d’une sur quatre -, mais 87 % des associations qui les regroupent souffrent d’un déficit de compétences en gestion financière.
L’événement, qui a réuni associations de femmes entrepreneures, organisations de la société civile, institutions publiques, établissements financiers et partenaires au développement, avait pour objectif de présenter les résultats d’une étude inédite menée sur seize pays africains. Cette cartographie permet d’identifier les besoins prioritaires et de proposer des actions concrètes pour renforcer les capacités institutionnelles et faciliter l’accès des femmes au financement.
« Cet atelier est un véritable espace d’échange, de coconstruction et de projection vers l’avenir. Nous sommes ici pour croiser nos expertises et préparer les prochaines étapes de soutien aux associations de femmes entrepreneures sur notre continent, et en particulier en Mauritanie », a déclaré Zeneb Touré, cheffe de la Division société civile et engagement communautaire à la BAD.
Des partenariats financiers encore rares
Sur les 409 associations recensées à travers le continent, seules 29 % disposent de partenariats avec des institutions financières. En Mauritanie, la dépendance aux cotisations des membres – qui représentent 83 % des ressources – illustre la difficulté d’accéder à des mécanismes de financement durables.
Pour Fatimetou Mint Sidi Mohamed O. Elvil, présidente du Conseil mauritanien des femmes d’affaires, ces chiffres reflètent une réalité quotidienne : « Nos associations regorgent de potentiel, mais elles ont besoin d’un accompagnement structuré pour démultiplier leur impact ».
Hercule Yamuremye, chargé de programme pays à la BAD, a, pour sa part, insisté sur l’importance des exemples positifs mis en oeuvre dans l’étude : « Elle met en évidence des expériences réussies, tant en matière de renforcement des capacités que de financement de micros et petites entreprises portées par des femmes, qui ne manqueront pas d’inspirer des actions concrètes en Mauritanie. »
Une dynamique collaborative en marche
L’atelier a également posé les bases d’une coopération nationale visant à reproduire les bonnes pratiques identifiées et à développer des partenariats stratégiques. Pour Lematt Mint Megueya, présidente de l’Union mauritanienne des femmes entrepreneures et commerçantes (Umafec), l’étude constitue un outil essentiel : « Elle dresse un état des lieux complet de nos associations, de leurs capacités institutionnelles et de leurs besoins spécifiques ».
La remise symbolique du rapport aux représentantes des associations mauritaniennes ouvre ainsi une nouvelle phase de collaboration, chaque organisation devenant un acteur clé de la transformation économique du pays.
Zeneb Touré a conclu sur une note d’optimisme : « L’avenir de l’Afrique s’écrit avec ses femmes entrepreneures. Ensemble, nous pouvons faire de cette étude un modèle continental de développement inclusif ».
Un engagement de longue date
Lancée en mai 2016, l’Initiative pour le financement en faveur des femmes en Afrique (Afawa) vise à combler le déficit d’accès au financement des femmes sur le continent, estimé à 42 milliards de dollars américains. À ce jour, « Afawa » s’est associée à 185 institutions financières, mobilisant plus de 1,2 milliard de dollars pour soutenir les entreprises dirigées par des femmes.
Parallèlement, la Stratégie genre 2021-2025 de la BAD ambitionne de transformer les secteurs clés du continent en espaces d’opportunités équitables, où femmes et hommes, quels que soient leur origine ou leur statut, disposent d’un accès égal aux ressources productives et aux infrastructures nécessaires à leur épanouissement.