Congo-Brazzaville: Coupe du Congo de football – Quel avenir ? (Dossier 15 août)

Le sport en général et le football en particulier participent à l’unité des peuples, au brassage de la jeunesse et au raffermissement de la paix. C’est en s’appuyant sur ces vertus que le gouvernement avait institué, par décret n° 85-1410 du 6 décembre 1985, la Coupe du Congo même si la compétition existait bien avant.
Comme l’année dernière, la finale de la Coupe du Congo de football n’est pas au menu des festivités marquant le 65e anniversaire de l’Indépendance du pays. La pilule est difficile à avaler pour les footballeurs habitués à fréquenter les stades la veille du 15 août pour assister à un spectacle riche en émotion.
Les finales de la Coupe du Congo ont toujours eu un caractère particulier parce qu’elles sont placées sous l’autorité du président de la République. C’est lui ou son représentant qui remet le trophée à l’équipe victorieuse puisque la compétition elle-même est inscrite dans le programme de la célébration de l’accession du pays à l’indépendance.
Pour donner plus d’ampleur à cette vision, le gouvernement a relevé pourtant le défi de doter, dans le cadre de la municipalisation accélérée, les chefs -lieux des départements des infrastructures sportives modernes, lesquelles avaient pour but de rapprocher la pratique sportive de la population et de favoriser l’éclosion des athlètes les plus performants pour épouser la pensée des spécialistes : « Les infrastructures appellent à la performance ». Les finales de la Coupe du Congo ont servi, d’ailleurs, à l’inauguration de la plupart d’entre elles.
Des finales de haute facture ont marqué l’histoire de cette compétition, à l’instar de la rivalité entre l’AC Léopards/ Diables -noirs sans oublier Cara-Diables noirs ou Cara-Léopards ou encore Etoile du Congo-As Otohô…
La compétition dont les Diables noirs, tenants du titre après leur victoire contre l’AS Otohô 1-0, et l’équipe la plus titrée s’organisait régulièrement depuis 2000, date de sa relance après la guerre civile qu’a connue le pays. Mise à part la seule fausse note de 2010 n’ayant pas permis de consacrer sur le terrain le vainqueur de la finale qui devait opposer au stade Alphonse- Massamba-Débat l’Etoile du Congo à l’AC Léopards.
Clubs et sélections paient le prix de l’annulation
La régularité de la Coupe du Congo a pris un coup l’année dernière quand elle a été brutalement arrêtée à l’étape des quarts de finale à la suite d’une crise née de la mauvaise interprétation des textes par certains dirigeants de football. La décision de fermer les stades a été le signe avant-coureur d’une longue crise qui a paralysé le football congolais durant huit mois avec pour conséquence la suspension de la Fédération congolaise de football (Fécofoot) par la Fédération internationale de football association. Mais depuis le retour à la normale, les mêmes causes continuent de produire les mêmes effets, empêchant la relance effective des compétitions nationales.
Une seconde annulation, actée cette année, a suscité beaucoup de commentaires. « Nous tenons à vous informer qu’en date du 3 juillet 2025, par la voix de monsieur le directeur de cabinet du ministre des Sports, il nous a été formellement notifié que la Coupe du Congo édition 2025 est annulée », expliquait la Fécofoot. Et d’ajouter : « Cette décision prise au niveau national, bien que regrettable pour l’ensemble des acteurs du football congolais, répond à des considérations que nous devons collectivement accepter ».
Cette décision laisse des conséquences énormes sur la préparation et la participation des sélections et clubs congolais en compétitions internationales. La Coupe du Congo, faut-il le rappeler, devrait servir de tremplin à la préparation des clubs congolais engagés aux compétitions interclubs de la Confédération africaine de football.
L’Athlétic club Léopards de Dolisie et l’AS Otohô, engagés respectivement en Ligue des champions et à la Coupe de la Confédération, connaissent depuis le 9 août leurs adversaires du premier tour préliminaire. Ce ne sont pas les moindres. Les Fauves du Niari croiseront les Black bulls du Mozambique et l’AS Otohô le Primeiro de Agosto d’Angola.
Sans beaucoup de matches dans les jambes à cause de l’absence des compétitions, les représentants congolais vont aborder cette campagne avec beaucoup de dose de confusion. Le championnat national étant prévu le 14 septembre, soit quelques jours seulement avant le premier tour préliminaire auquel ils sont engagés.
L’équipe nationale qui joue actuellement le Championnat d’Afrique des nations qui se déroule au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda a payé le prix de cette décision, alors qu’elle devrait tirer profit de la Coupe du Congo pour sélectionner les joueurs les plus méritants. La sélection étant toujours constituée des meilleurs du moment et non ceux d’hier. Le manque de compétition a visiblement désorienté les coaches dans le choix des joueurs.
Ces péripéties viennent assombrir l’avenir de la Coupe du Congo qui s’écrit désormais en pointillés depuis les cinq dernières années. Sa finale jouée le 14 août ne permet plus à son vainqueur d’assurer sa qualification à la Coupe africaine de la confédération. Or le plus souvent, la Confédération africaine de football boucle ses enregistrements bien avant le mois d’août au point où l’on se demande quel avenir pour la Coupe du Congo ? Une meilleure réflexion s’impose pour que cette compétition nationale retrouve la place qui était la sienne.