Sharren Haskel au Soudan du Sud : une visite qui suscite débats et suspicions


La vice-ministre israélienne des Affaires étrangères, Sharren Haskel, a effectué une visite officielle au Soudan du Sud, ce qui représente le plus haut niveau de contact diplomatique jamais atteint entre les deux pays. Cette rencontre, présentée comme « historique », survient alors que circulent des rumeurs sur une éventuelle relocalisation de Gazaouis dans cet État africain fragile.
Si Juba dément formellement tout projet de ce type, la polémique enfle et alimente les débats dans les rues comme sur les réseaux sociaux.
Un déplacement à forte portée symbolique
Sharren Haskel a rencontré à Juba le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères, Semaya Kumba, ainsi que le président Salva Kiir. Les discussions, qualifiées de « fructueuses », ont porté sur le renforcement des liens bilatéraux et sur des opportunités économiques dans le pétrole, le gaz, l’agriculture et la gestion de l’eau. Pour Juba, Israël est un partenaire stratégique susceptible d’apporter des investissements dans un contexte de crise économique et de recul de l’aide internationale.
Des rumeurs qui attisent les tensions
La visite de la vice-ministre israélienne coïncide avec des déclarations de Benjamin Netanyahu. Il affirme qu’Israël envisage de permettre à certains habitants de Gaza d’émigrer à l’étranger. Plusieurs médias ont cité le Soudan du Sud comme destination potentielle, ce qui a déclenché un tollé dans le pays. Le gouvernement sud-soudanais a dénoncé des « affirmations sans fondement », mais la polémique a déjà gagné la rue. Certains habitants rejettent fermement l’idée d’accueillir des Gazaouis, perçus comme une charge ou une menace, tandis que d’autres se disent prêts à leur ouvrir les portes.
Un contexte interne fragile
Depuis son indépendance en 2011, le Soudan du Sud vit dans une instabilité chronique. Les affrontements entre les forces du président Salva Kiir et celles de l’opposant Riek Machar, dont l’arrestation en mars dernier a ravivé les tensions, nourrissent la crainte d’un retour à la guerre civile. Ce climat d’insécurité rend toute perspective d’accueil de populations étrangères particulièrement sensible.
Entre diplomatie et controverses
Si officiellement la visite de Sharren Haskel vise à renforcer la coopération et à ouvrir la voie à des investissements israéliens, elle reste entachée par les suspicions qui entourent le dossier gazaoui. Dans un pays marqué par la pauvreté et la fragilité politique, chaque geste diplomatique est scruté avec attention, d’autant plus lorsqu’il touche à un sujet aussi explosif que le conflit israélo-palestinien.