Mohammed VI en jet-ski à Cabo Negro avec Moulay Hassan et Lalla Khadija : des vacances qui interrogent

Le roi du Maroc, Mohammed VI, faisant du jet-ski
Le roi du Maroc, Mohammed VI, faisant du jet-ski

Alors que de nombreux Marocains peinent à faire face à une conjoncture économique difficile, le roi Mohammed VI a été filmé en train de profiter d’une escapade estivale sur la plage huppée de Cabo Negro, au nord du Maroc. En compagnie de ses deux enfants, le prince héritier Moulay El Hassan et la princesse Lalla Khadija, le souverain est apparu sur un jet-ski, souriant et détendu, au beau milieu des vacanciers. Une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, et qui suscite autant d’enthousiasme que de critiques.

Une mise en scène de proximité ?

À première vue, la scène pourrait paraître anodine : un père partageant un moment de détente avec ses enfants. Mais lorsqu’il s’agit d’un monarque, chef de l’État, cette image prend une dimension symbolique. Loin du protocole, sans escorte apparente, Mohammed VI évolue librement au milieu de la foule, dans ce qui semble être une démonstration de simplicité et d’accessibilité. Pourtant, derrière cette posture décontractée, plusieurs observateurs y voient une opération de communication bien rodée, destinée à entretenir l’image d’un roi proche du peuple.

Une image qui, pour certains, sonne de plus en plus creux, au regard des difficultés quotidiennes que traverse la majorité de la population marocaine. Depuis des mois, le pays est confronté à d’importants défis : flambée des prix des produits de base, accès difficile à la santé, crise du logement, et une jeunesse de plus en plus désabusée face au manque de perspectives. Dans ce contexte, les vacances dorées du souverain dans l’une des stations les plus luxueuses du pays ne passent pas inaperçues.

Cabo Negro, un contraste avec la réalité du pays

De nombreux internautes se sont interrogés sur le contraste flagrant entre ces images de loisirs et les préoccupations urgentes de millions de citoyens. « Pendant que le peuple s’endette pour survivre, le roi se pavane sur un jet-ski », peut-on lire dans certains commentaires. D’autres estiment qu’une monarchie qui se veut moderne devrait donner l’exemple en restant à l’écoute de ses citoyens, et non en affichant son train de vie estival. Le choix de Cabo Negro comme lieu de villégiature n’est pas anodin.

Cette station balnéaire du nord, connue pour ses résidences de luxe, ses plages privées et son accès réservé à une élite privilégiée, incarne parfaitement les inégalités qui traversent le Maroc. Tandis qu’une grande partie des familles marocaines ne peut se permettre aucune forme de vacances, d’autres, bien nées ou bien placées, profitent sans contrainte de ces havres de confort. Le fait que le souverain y passe ses vacances ne fait qu’accentuer cette impression d’un État déconnecté des réalités sociales. Pour certains analystes, il ne s’agit plus simplement d’un manque de tact, mais d’une démonstration involontaire de l’indifférence du pouvoir face à la précarité grandissante.

Une image soignée, mais à quel prix ?

Si le roi Mohammed VI est souvent salué pour sa capacité à apparaître dans des cadres informels, loin des dorures du palais, cette stratégie de proximité commence à montrer ses limites. L’absence de discours ou de décisions fortes face aux urgences économiques et sociales contraste fortement avec ces apparitions festives et médiatisées. Le Maroc traverse une période marquée par le ralentissement de la croissance, une dette publique en hausse, et une gestion contestée des services publics. Face à cela, les citoyens attendent des réformes structurelles, une gouvernance plus transparente, et un engagement clair de la plus haute autorité du pays.

Une virée en jet-ski, aussi sympathique soit-elle, ne peut en aucun cas répondre à ces attentes profondes. La monarchie marocaine a toujours accordé une grande importance à l’image du souverain, souvent présentée comme garante de la stabilité nationale. Mais à mesure que la tension sociale augmente, cette stratégie de communication semble de plus en plus en décalage avec les aspirations de la population. Les vacances du roi, dans ce contexte, apparaissent comme un révélateur d’un système qui mise sur le symbole au détriment du concret, sur le visuel plutôt que sur la réforme. Pendant que le pouvoir soigne son image, le pays continue de s’enliser dans des problématiques sociales et économiques pressantes.

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