Tunisie: Viandes rouges – Ne noyons pas le poisson dans l'eau

Si les responsables du secteur des viandes rouges veulent considérer que le problème des prix, de la réaction des consommateurs et tous les problèmes exogènes et endogènes, sont de la faute des «autres», c’est leur affaire. Dans un siècle, nous n’avancerons pas d’un pouce et la situation demeurera telle qu’elle est.

Le 2 février2025, sur ces mêmes colonnes nous avions posé des questions à des personnes compétentes et intimement liés à ce secteur.

«M. Tarek Ben Jazia a souligné que la majorité des 158 abattoirs municipaux en activité en Tunisie ne possédaient pas de certification sanitaire, en violation de l’article 17 du décret ministériel du 26 mai 2006».

«Seulement 19 des abattoirs actifs respectaient les conditions relatives à l’emplacement, aux équipements et aux installations nécessaires, ce qui représente à peine 11% du total des abattoirs en activité. Il a aussi révélé qu’il existait 9 gouvernorats où aucune structure d’abattage ne répondait aux normes d’exploitation».

«Le plan directeur des abattoirs, approuvé par le décret n° 360 de 2010 du 1er mars 2010, avait prévu de maintenir uniquement 51 abattoirs à travers le pays, en conformité avec les normes techniques, sanitaires et environnementales. Il était également prévu de réhabiliter et de créer 9 nouveaux abattoirs. Cependant, ce plan n’a pas été mis en oeuvre à ce jour, malgré l’expiration du délai de 5 ans pour sa réalisation».

«En Tunisie, environ 184 marchés aux bestiaux existent, la plupart étant situés à proximité des abattoirs. Ces marchés sont majoritairement gérés par les municipalités via des gestionnaires».

«Le nombre de bouchers en Tunisie a diminué de 9.000 à 7.000 en 2023, en raison des difficultés d’approvisionnement, de la baisse de la consommation et des problèmes de commercialisation».

Nous retiendrons seulement ces quelques passages que nous considérons les plus importants et qui représentent un début d’analyse des problèmes qui se posent.

D’accord, sur quelques-uns, nous ne pouvons accepter l’estimation qu’on donne du nombre de boucheries.

Rien qu’à voir les nouvelles boucheries ouvertes la veille de l’Aïd, on se rend compte que l’attrait du gain a multiplié ces «officines». Sont-ils comptabilisés et de quelle manière ? Si son chiffre est donné à partir de ceux qui ouvrent patentables et sont en règle, la réalité est tout autre.

C’est comme dans bien des domaines, les squatteurs sont là, en bien des occasions. Librairies, vendeurs de bambalonnis et de glaces sur les plages, marchands de mkharek et zlabias au mois de Ramadan, les occasions ne manquent pas. C’est d’ailleurs tout un dossier à voir, maintenant que l’on s’est lancé sur le nettoyage des villes.

Devant chaque boucherie, de véritables petits troupeaux avec leurs gardiens sont bien là. Alors que, dehors, les bêtes sont exposées à plus d’un million la pièce, sur les étals, la viande de mouton est offerte à plus de soixante dinars.

De toutes les façons, les derniers chiffres donnés à propos du kilo de mouton tournant autour de 80 dinars le kilo, nous ne l’avons vu nulle part.

Pour faire court, la solution aux multiples problèmes des viandes rouges est entre les mains de «Ces marchés majoritairement gérés par les municipalités via des gestionnaires».

Qui sont ces gestionnaires ? Qui représentent-ils ? Comment opèrent-ils ? Ils gèrent quoi et pour le compte de qui ? Sont-ils en mesure d’agir au niveau des prix ?

Pourquoi, comment et en vertu de quelle loi ou décision ?

Dans ces questions et il y a certainement beaucoup d’autres, résident les éléments de réponses de ces viandes rouges que l’on sort de temps à autre, pour tirer davantage sur la corde qui relie les bouchers aux consommateurs. Elle finira par se tromper et tout le monde sera perdant.

Il vaudrait mieux que dans ce secteur de l’élevage bovin ou ovin, tout soit repris posément et consenscieusement en main et organisé.

On a bien arrêté des plans d’action comme rapporté plus haut, mais rien n’a été fait. Pourquoi ? Parce que cela n’arrange pas ceux qui tirent la ficelle et qui sont bien à l’aise dans cette situation bancale qui règne depuis si longtemps.

L’élevage tunisien est tributaire des conditions climatiques. Il suffit que nous entrions dans une période de sécheresse, que nous nous empressions de dévorer ce que nous avons mis comme argent, peines et sacrifices, pour ne pas tout perdre.

Personne ne prend la peine de préparer les solutions à exécution immédiate des mesures d’urgence pour répondre à ces périodes de «vaches maigres». Cela se traduit toujours immanquablement, par un retour au point de départ et une perte d’acquis, avec toutes les conséquences qui s’ensuivent.

On crée des organismes pour le fourrage et autres intrants nécessaires pour l’alimentation animale, comment interviennent-ils ? Quelles sont les relations qu’ils ont avec les éleveurs gros et petits ? C’est au plus fort de survivre et cela débouche sur une perte de confiance chronique en dépit de toutes les promesses de s’occuper de tout le monde. Effectivement les promesses sont rarement tenues.

Donc, ne mélangeons pas les genres et prenons les bonnes décisions. Fixons des objectifs. Exécutons tout ce qui a été décidé et resté en souffrance. Demandons des comptes à ceux qui n’ont pas fait leur travail.

Et puis, ce sera dès lors facile d’avancer des suppositions et des objectifs à atteindre.

Tant que l’ouverture d’un point de vente de viande rouge est possible à la veille de l’Aïd, pour accentuer la pression sur le consommateur qui se retrouve devant deux choix : acheter un mouton à plus d’un million ou se contenter de quelques kilos de viande à plus de soixante dinars, il n’y a pas photo. Les dés sont pipés au départ et il faudrait se préparer à en rester là pour un bon bout de temps. Tant que l’état d’esprit reste le même.

Donc, que ceux qui ont mis la main sur ce secteur respectent l’intelligence de ceux auxquels ils s’adressent et cessent de noyer le poisson dans l’eau.

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