Egypte: Les naissances sous la barre des deux millions, une première depuis 2007

L’Egypte connait une baisse historique des natalités. Pour la première fois depuis 17 ans, le nombre de nouveaux nés est descendu sous le seuil des 2 millions en 2024, selon l’organisme national des statistiques. Il y a quelques années encore, l’Egypte était confrontée à une explosion démographique.
Selon l’Organisme des statistiques, les naissances en 2024 ont été de 1 998 000, soit 77 000 bébés de moins qu’en 2023 et donc un recul de presque 4 %. Une baisse d’autant plus spectaculaire qu’il faut remonter à 2007, quand les Egyptiens n’étaient que 85 millions, pour retrouver un nombre annuel de naissances inférieur à 2 millions. En 2024, l’Égypte comptait 107 millions de citoyens.
L’indice de croissance démographique est désormais passé sous le seuil de 1,5 %, alors qu’il dépassait 2,5 % en 2017. Et la tendance va se poursuivre : les naissances ont encore reculé au cours du premier trimestre 2025.
Des politiques publiques volontaristes
Le gouvernement se félicite de ces chiffres, qu’il attribue à sa politique volontariste de contrôle des naissances. Le nombre de dispensaires gratuits pour « la famille » a pratiquement doublé. Ces centres de santé prodiguent tous les moyens de contraception et le suivi gynécologique. Le ministère de la santé, lui, organise des tournées médicales, notamment dans les zones rurales, là où la natalité continue à être élevée.
Mais le gouvernement utilise aussi le bâton : les aides économiques et les subventions aux familles les plus défavorisées s’arrêtent généralement au troisième enfant.
Une crise économique paralysante
Mais cette politique n’explique pas tout. De nombreux experts estiment que la principale raison de la baisse de natalité est économique. Depuis plusieurs années, la dévaluation de la livre égyptienne et une inflation galopante pèsent lourdement sur les ménages.
En 2007, un euro valait 7,5 livres. Aujourd’hui, son prix a pratiquement été multiplié par huit. Résultat : le prix des produits importés – carburant, électricité, matériaux de construction – a explosé. L’inflation a frôlé les 50 %, et reste aujourd’hui au-dessus des 15 %.
Faire plus d’un enfant en milieu urbain a un coût prohibitif. Le prix du lait infantile, des couches et des soins médicaux a quintuplé. De plus, les écoles gouvernementales gratuites sont de moins en moins performantes et les écoles privées de plus en plus chères.