La République démocratique du Congo est confrontée à une situation sanitaire complexe depuis le début de cette année 2025, avec une double épidémie sur l’ensemble du territoire : choléra et rougeole. Plus de 35 000 cas de choléra et plus de 36 000 cas de rougeole ont déjà été enregistrés dans le pays. Ces deux maladies ont également fait de nombreux morts.
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Avec notre correspondante à Kinshasa, Paulina Zidi
Selon les chiffres du ministère congolais de la Santé, ce sont plus de 35 000 cas de choléra qui ont été enregistrés depuis le début de l’année 2025. Une maladie qui a d’abord concerné l’est du pays, notamment le Katanga, avant de s’étendre et de toucher la capitale Kinshasa, où plus de 2 000 patients ont été pris en charge dans les différents centres de traitement mis en place. Au total, plus de 500 décès ont été enregistrés, et 17 des 26 provinces que compte le pays ont signalé des cas de choléra.
Pour la rougeole, c’est l’ONG Médecins sans frontières qui a communiqué les derniers chiffres cette semaine : plus de 36 000 cas et 750 décès ont déjà été recensés. Une vingtaine d’interventions d’urgence ont été déployées par MSF en soutien des autorités. Cela a permis la vaccination de 437 000 enfants contre la rougeole. Mais il reste beaucoup à faire, prévient l’ONG.
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« Une rupture est à craindre même pour les vaccins de routine »
La multiplication des foyers épidémiques est également aggravée par l’insécurité et les combats dans l’est du pays. Une situation qui complique l’acheminements des intrants, dont les vaccins indispensables à la prévention. Emmanuel Lampaert, représentant de MSF dans le pays, alerte : « Aujourd’hui, la RDC fait face à des ruptures fréquentes. Ce n’est pas uniquement aujourd’hui. Mais aujourd’hui, c’est assez prononcé. Il s’agit de plusieurs vaccins, dont celui contre la rougeole et le choléra. Une rupture est à craindre même pour les vaccins de routine. Entretemps, bien évidemment, les foyers épidémiques se multiplient. »
Ces pénuries « sont aggravées par l’insécurité, notamment dans les zones à l’est. Pour preuve, aujourd’hui, il y a plus de zones de santé en épidémie de rougeole dans le Nord Kivu que l’année passée », poursuit-il, tout en rappelant qu’« en dehors de l’insécurité, ce pays-continent est confronté à d’énormes problèmes d’accessibilité logistique ».
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La RDC appelée à « renforcer les mesures de base d’hygiène »
Emmanuel Lampaert nourrit une certaine inquiétude quant à l’évolution de la situation sanitaire, avec ce manque de vaccins constaté. « De plus en plus de zones de santé, de territoires, de populations sont en proie à des épidémies, et cela continue de s’aggraver », insiste-il. La rougeole, en RDC, présente « un taux de létalité qui est très inquiétant ». Et « pour le choléra, c’est une situation que nous n’avions pas connue depuis des années ». Le total des cas constatés en 2025 et déjà égale à celui sur toute l’année 2024, et « on est en chemin pour dépasser largement le total des cas de 2023 ».
« Nous invitons à renforcer les mesures de base d’hygiène – cela reste une maladie des mains sales. Et bien évidemment, nous tous, sur un plan de riposte unique, allons mettre tous nos efforts ensemble. Nous allons mettre en place des points de réhydratation, des unités et des centres de traitement avec une bonne sensibilisation au niveau de la population. Que tout cela puisse nous amener à réellement contrôler avant de parler d’éliminer ces maladies », conclut Emmanuel Lampaert.
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