Sénégal: Les avortements clandestins et ses risques pour la santé

Au Sénégal, l’avortement est un délit, sauf lorsque la vie de la mère est en danger, poussant des femmes enceintes à avoir recours aux dangeureux avortements clandestins.

L’avortement constitue un délit au Sénégal, sauf quand la vie de la mère est en danger. Il est donc pratiqué clandestinement, souvent dans des conditions médicales précaires, ce qui expose les femmes, principales victimes, à des risques sanitaires souvent handicapants, voire mortels.

Selona professeure Aida Sylla, enseignante à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, chef du service de psychiatrie et de psychologie médicale au Centre Hospitalier Universitaire, « cela va des hémorragies, des infections jusqu’au décès de certaines femmes. Et ce n’est que lorsqu’on tombe là-dessus, qu’on peut apporter une aide parce que souvent, il s’agit de grossesses qui sont cachées. Il y a tout un tabou qui l’entoure. Donc, on n’ira pas dans les services réguliers de médecine parce qu’on risque d’être dénoncée, d’être arrêtée. »

Mis au ban de la société

L’avortement clandestin peut aussi entraîner d’autres complications, en l’absence de suivi psychologique, parce que la victime est culpabilisée par la société.

« C’est beaucoup d’angoisse, beaucoup de stress et de la dépression parce que ce sont des femmes qui sont en faute du point de vue social, du point de vue religieux, parce que déjà, il y a cette grossesse qui n’est pas désirée, et parfois même, ce sont des grossesses issues d’un inceste, précise la psychiatre Aïda Sylla. Ensuite, la culpabilité par rapport à l’interruption d’une grossesse fait qu’elles ont besoin d’être prises en charge. Parfois, ça peut aller jusqu’à l’hospitalisation ».

Parmi les victimes d’avortement, on retrouve souvent des jeunes filles de moins de 14 ans.

Une décision difficile à prendre

La sociologue Fatou Sow rappelle qu’avorter est toujours une décision difficile à prendre. Mais pour ne pas conserver une grossesse non désirée, surtout lorsqu’elle est la conséquence d’un viol, les femmes préfèrent avorter, même dans des conditions non sécurisées.

Fatou Sow rappelle que « les femmes n’avortent pas de plein gré. C’est toujours une décision catastrophe. Je pense que pour les femmes qui demandent un avortement, c’est une situation extrêmement pénible et difficile parce qu’on est dans un environnement qui, spontanément, n’accepte pas l’avortement, parce qu’on se cache pour aller avorter. Et quand on l’a fait, on ne va pas sur la place publique pour le clamer tout haut ».

Au Sénégal, l’accès à la contraception est limité dans certaines localités dépourvues de postes de santé et d’officines. Ce qui manque aussi, ce sont les mécanismes juridiques internes qui vont permettre d’organiser le cadre des interruptions médicales de grossesse.

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