Ile Maurice: Le modèle de Ramesh Caussy, Français d'origine mauricienne, à l'étude

Au cours des 25 dernières années, cet ancien élève de l’École polytechnique, Ramesh Caussy, a fait de la transformation de l’industrie technique son cheval de bataille. Ex-directeur de 3Com, Alcatel, Intel, Partnering Robotics, il est actuellement directeur général et directeur de l’intelligence artificielle (IA) du groupe AM Trust et vient depuis peu de fonder USULIA, qui accompagne les entreprises dans leurs projets de transformation au potentiel de l’IA et du numérique souverain en s’appuyant notamment sur la plateforme ISNAI©.
Le recours à l’IA et aux technologies de rupture figure à la quatrième place des mesures préconisées dans le discours du dernier exercice budgétaire pour aider le pays à faire face à «des défis sans précédents».
Ramesh Caussy, dont le côté typique de son origine mauricienne a longtemps disparu sous les effets de son appartenance à la France et qui fait partie de ces rares Mauriciens dont la compétence a été saluée par la communauté scientifique internationale, cette fois-ci, quittera l’île Maurice avec le sourire, contrairement à ses précédentes visites.
Depuis qu’il s’est fait un nom avec la création du robot Diya One, dont l’émergence résulte du principe de développement de l’IA qui s’inspire de la nature, Ramesh Caussy n’a cessé de faire connaître tant au secteur public qu’au secteur privé mauricien sa prédisposition à partager ses connaissances au profit du pays. Jusqu’ici, ces nombreuses initiatives sont restées sans suite.
Ce spécialiste de l’IA ne manque pas de le souligner.
«Depuis dix ans, on fait la même chose. Des gens ne font que reprendre mes idées et positionnements, puis ne font rien. Il faut abandonner ce procédé. Je suis identifié dans l’IA. Je suis apte à porter le leadership et à expliquer ce que je souhaite faire.» Cependant, les contacts qu’il a eus durant la visite qu’il effectue dans le pays en ce moment semblent indiquer que les choses vont dans la bonne direction. Il s’est toutefois gardé de donner de plus amples détails par rapport aux opportunités de collaboration qui se dessinent en ce qui le concerne. «Mon projet pour le public, a-t-il déclaré, est de porter la modernisation du pays vers l’IA. Je peux le faire soit en travaillant pour une institution publique, soit à travers mon entreprise d’IA. Pour le reste, je connais mon sujet».
Niveau de visibilité accru
Entre-temps, Ramesh Caussy s’est offert une nouvelle possibilité d’étendre le niveau de sa visibilité dans la communauté scientifique, pour ne pas dire numérique. En effet, il est l’auteur de deux articles parus fin juillet 2025 dans le numéro 217 de la revue Télécom, une initiative de Télécom Paris Alumni, l’association des diplômés et des étudiants de l’école d’ingénieur Télécom Paris dont la réputation va au-delà de la communauté spécifique des ingénieurs et touche également les professionnels dans des industries que ceux des administrations.
Deux articles dans lesquels, comme on pouvait s’y attendre de lui, Ramesh Caussy parle de ce qui lui tient à coeur, à savoir l’immense potentiel de l’IA, ce système informatique qui, grâce à sa capacité d’effectuer en toute autonomie des tâches que seuls les hommes peuvent faire, s’est taillé une solide réputation dans la grande famille des technologies innovantes.
Dans l’article intitulé L’IAfrugale : un *«must do» *pour les entreprises françaises et européennes, Ramesh Caussy fait un vibrant plaidoyer on ne peut plus évident pour l’adoption de l’IA open source et la nécessité pour les entreprises d’assurer la souveraineté numérique de leurs opérations. L’IA open source se réfère à ces logiciels dont la principale caractéristique est que leur code source est accessible.
N’importe qui peut l’utiliser, le modifier, voire le partager si une demande dans ce sens se manifeste. Une thèse que Ramesh Caussy défend avec force. «L’intégration de l’IA dans les entreprises se joue aussi dans la capacité à s’émanciper des solutions propriétaires. L’IA frugale open source ouvre la voie vers une technologie accessible, transparente et maîtrisée. Cette révolution silencieuse redonne aux organisations le contrôle de leur destin numérique, offre aux PME un rôle à saisir et permet aux entreprises de montrer que leur IA ainsi que la valeur qu’elle produit, sont sous contrôle», écrit-il.
Souveraineté numérique
Son plaidoyer pour que les opérateurs réclament la souveraineté numérique lorsque l’IA est choisie comme option technologique repose sur le raisonnement suivant: «La dépendance quasi totale aux solutions propriétaires des grands du numérique pose ainsi un défi majeur pour l’autonomie technologique des entreprises européennes. Cette situation crée une vulnérabilité stratégique où les données sensibles et les processus critiques échappent bien souvent au contrôle des organisations qui les génèrent.»
Dans l’autre article, intitulé La bio-inspiration : une clé vers l’IA et la robotique sobres en énergie, un véritable retour aux origines mêmes de l’IA inspirée de la nature, Ramesh Caussy met en exergue l’approche qui consiste à promouvoir un mode d’exploitation du potentiel de l’IA qui, pour amorcer les différentes étapes de son développement, s’inspire de la nature.
Bref, une approche de l’IA dont le mode d’application est actuellement sujet à un ensemble d’interrogations qui s’éloignent de l’IA traditionnelle. «La nature, explique Ramesh Caussy, offre des exemples remarquables d’efficacité énergétique que l’IA bio-inspirée s’efforce de reproduire. Le cerveau humain, avec ses 86 milliards de neurones, ne consomme qu’environ 20 watts, soit l’équivalent d’une ampoule LED, tout en réalisant des tâches cognitives complexes qui nécessitent des milliers de watts dans les systèmes informatiques traditionnels. L’IA bio-inspirée trouve ses racines dans une approche radicalement différente de l’IA symbolique traditionnelle. Là où cette dernière repose sur des règles logiques explicites et des représentations abstraites du monde, l’IA bioinspirée s’appuie sur l’observation et la modélisation des mécanismes biologiques naturels».
Le robot Diya One, dont le principal objectif consiste à repérer les changements auxquels est soumis l’environnement dans lequel il évolue, est un pur produit sorti de l’IA bio-inspirée.