Tchad: les doutes qui entourent les circonstances de la mort de Fulbert Mouanodji persistent

Après la mort de Fulbert Mouanodji samedi, dont les images violentes ont circulé sur les réseaux sociaux, des zones d’ombre demeurent sur les circonstances du drame, nourries par la famille du haut fonctionnaire qui refuse de croire à un suicide. Face à l’émoi et aux interrogations que suscite cette affaire, la classe politique tchadienne réagit et questionne, elle aussi, l’enquête menée par le parquet général.

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La mort tragique d’un haut fonctionnaire d’État tchadien secoue toujours le pays depuis samedi, jours où le corps brûlé de Fulbert Mouanodji a été retrouvé dans les rues d’Abéché, au nord-est du pays. Cet ancien directeur de cabinet du gouverneur de l’Ennedi Est avait été récemment nommé à Amdjarass. Des photos et des vidéos où on le voit titubant ou étendu à même le sol, dévêtu et le corps brûlé circulent sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours. Le vendredi, Fulbert Mouanodji avait publié sur son compte Facebook un message d’alerte : « Je suis en danger les amis ».

À ce stade de l’enquête, le procureur en charge de l’affaire privilégie la thèse de la mort volontaire par immolation et écarte la piste criminelle. Mais sa famille ne croit pas au suicide, rapporte notre correspondante au TchadNadia Ben Mahfoudh. La sœur cadette de Fulbert Mouanodji, Félicité Mouandondgonodji, n’en démord pas et assure que le matin du jour de sa mort, le haut fonctionnaire lui avait lancé : « ils m’ont déjà tué, adieu ».

Les zones d’ombre vont être levées pour que les familles soient rassurées et que la justice soit faite

Gassim Cherif, ministre tchadien de la Communication, à propos de la mort de Fulbert Mouanodji

Carol Valade

Au micro de RFI, le ministre tchadien de la Communication, Gassim Cherif, a tenu à « exprimer toutes nos condoléances à la famille, exprimer aussi notre compassion, notre consternation, notre émotion vis-à-vis de cet événement qui est dramatique et tragique. C’est un événement épouvantable. Les images sont insupportables. »

Puis, en réaction à la médiatisation et l’indignation qui entoure cette affaire, le ministre a assuré que « toutes les autorités compétentes dans la province du Ouaddaï se sont saisies de cette affaire, et ils sont en train de mener les enquêtes pour faire la lumière. Et toutes les zones d’ombre vont être levées pour que les familles soient rassurées et que la justice soit faite. Qu’est-ce qui a motivé cet acte ? Qui est derrière cet acte ? Pourquoi il n’y a pas eu d’autopsie ? »

« Comment inhumer Fulbert sans d’abord l’avis préalable de sa famille ? Pourquoi cette rapidité ? »

L’enterrement de Fulbert Mouanodji a eu lieu dès dimanche à Abéché. Une raison de plus pour la famille de douter des circonstances de la mort, en plus de rendre difficile le deuil. « Nous avons demandé à entrer en contact avec son gouverneur pour demander que le corps soit rapatrié à Ndjamena, explique le cousin du défunt, Nadjam Djangambeli. Il nous a fait savoir que le procureur allait faire le constat le matin et que le corps ne pouvait pas tenir. Ils ont remis le corps à l’inhumation. Comment inhumer Fulbert sans d’abord l’avis préalable de sa famille ? Pourquoi cette rapidité ? »

De quoi faire réagir l’actuel opposant et ancien Premier ministre, Albert Pahimi Padacké : « Naturellement, la version donnée par le parquet général d’Abéché questionne par l’empressement de conclure au suicide sans une enquête préalable sérieuse et convaincante, assène-t-il. […]  Cela méritait que le temps soit pris sérieusement pour que les zones d’ombre soient levées. Là, les Tchadiens s’interrogent. Des doutes émergent sur la toile. » 

Les proches de Fulbert Mouanodji organisent un rassemblement en son honneur devant la maison familiale ce jeudi. 

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