Comores: L'héritage du président Ali Soilihi divise toujours autant 50 ans après son coup d'État

Le 3 août 1975, Ali Soilihi, jeune ingénieur agronome, prenait le pouvoir aux Comores. Un premier coup d’État dans le pays, porté par une révolution qu’il voulait sociale, populaire et souverainiste. Trois ans plus tard, il était renversé et exécuté quelques jours après l’arrivée du mercenaire Bob Denard. Pourtant, sa mémoire reste vivace chez les Comoriens, malgré un règne autoritaire. Cinquante ans plus tard, le Front patriotique soilihiste a organisé une conférence commémorative à Moroni, où anciens cadres et chercheurs sont revenus sur ce moment clé de l’histoire comorienne, entre héritage inachevé et figure toujours aussi clivante.

Ali Soilihi voulait rompre avec un système coutumier jugé archaïque aux Comores. Il lance des réformes profondes, mais son autorité reste controversée.

Pour Djaffar Mmadi, enseignant-chercheur, c’était avant tout un homme animé d’une volonté de transformation : « Cette pensée a été conçue sur plusieurs projets parmi lesquels les réformes économiques, éducatives, agraires. Je pense que la jeunesse d’aujourd’hui pourrait se référer à ces différents projets pour s’en inspirer et tenter d’apporter leur contribution. »

« Quand on l’a renversé, les mercenaires ont été accueillis comme des héros »

Soultoine Chouzour, ambassadeur et ancien cadre du régime, rappelle que l’homme n’était pas aimé de son vivant : « Quand on l’a renversé, les mercenaires avaient été accueillis comme des héros. Donc, la popularité d’Ali Soilihi, c’est maintenant. Combien de fois avez-vous entendu des partisans se réunir pour rappeler qui était cet homme derrière lequel ils avaient combattu ? Je ne connais pas de cas. On se réunit pour les prières commémoratives annuelles, mais jamais pour réellement faire un bilan politique, diplomatique, social des régimes. C’est surtout ça que, moi, je retiens. »

« C’est l’histoire qui me jugera », disait Ali Soilihi. Cinquante ans plus tard, l’histoire continue de le juger. Mais sa mémoire, elle, reste bien vivante. Chaque 29 mai, date de son assassinat en 1978, une cérémonie commémorative est ainsi organisée dans le pays.

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