Ile Maurice: Les Rs 7,6 milliards de prêts toxiques auraient été détournés

Un audit interne du 8 février 2024 a révélé Rs 7,6 milliards de créances irrécouvrables à la Silver Bank, réparties entre 55 emprunteurs (39 étrangers, 16 locaux), dont Rs 3 milliards du Covid Projects Development Fund et Rs 880 millions de dépôts publics (NIC, mairies de Curepipe et Port-Louis, Mauritius Housing Company).
Chetan Singh Ramcharitar (alias Rajiv ), ancien Senior Relationship Manager, est mis en examen sous deux chefs d’accusations provisoires de blanchiment totalisant Rs 1,2 milliard pour le compte de sept compagnies possiblement «fictives», entre octobre et décembre 2022. Les enquêteurs l’accusent d’avoir orchestré l’octroi de facilités bancaires frauduleuses à plusieurs sociétés proches de Prateek Gupta, l’homme d’affaires impliqué dans la fraude de nickel de Trafigura.
Rs 3,55 milliards de ces prêts accordés entre janvier 2022 et janvier 2023 seraient sur la base de garanties fictives. Mais c’est un passif global de Rs 7,6 milliards, qui plombe aujourd’hui la banque, avec des dossiers non-performants pour Ultra Fabric Trading, Venus Petrocheum Holding, Orchid Orga- nics, PennEnergy, Artic Ceramic, Ultron Agro et Esokia Group, parmi d’autres. Un exemple concret est le premier de ceux arrêtés: l’Indien Rajiv Barnard Madi George, dont la compagnie Ultra Fabric Trading Ltd est soupçonnée d’avoir détourné Rs 175 millions.
La recapitalisation de la Silver Bank a été réalisée en novembre 2021 par un duo indo-britannique via la holding Silver Star SPC : Ginni Gupta en détient 75 % des parts, tandis que Manoj Purushthothaman Menon en possède 25 %, ce dernier ayant investi par l’intermédiaire de sa société singapourienne New Alloys Trading PTE Ltd. Cette opération a suivi la faillite de l’ex-Banyan Tree Bank, dont la Silver Bank a officiellement repris la licence bancaire le 11 novembre 2021.
Les voyages fréquents de Rajiv Ramcharitar à Dubaï et en Inde sont minutieusement analysés pour retracer le réseau de blanchiment et identifier d’éventuels complices, tandis que la FCC poursuit son enquête pour démêler l’implication des acteurs politiques et parapublics dans ce scandale financier. D’autres seront, évidemment, convoqués au courant de cette semaine.