Mali: l'ex-Premier ministre Moussa Mara détenu après plusieurs convocations de la justice

L’ex-Premier ministre malien Moussa Mara a été inculpé et mis sous mandat de dépôt ce vendredi 1er août à Bamako par le procureur du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité. En cause, un tweet de l’ancien chef de gouvernement publié après avoir rendu visite en prison à des détenus de l’opposition ou critiques de la junte. Son procès est fixé au 29 septembre.

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Avec notre correspondant régional, Serge Daniel

L’ancien Premier ministre malien répondait une nouvelle fois à une convocation du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité. En cause un de ses tweets du 4 juillet 2025. Il venait de terminer une série de visites à des hommes et des femmes politiques et de la société civile plutôt très critiques envers la junte.

Dans son tweet intitulé « Solidarité indéfectible avec les détenus d’opinions ». Il écrit notamment « aussi longtemps que dure la nuit, le soleil finira par apparaître ». Il ajoute « Et nous nous battrons par tous les moyens pour que cela arrive et le plus tôt possible ». Le procureur du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité a estimé que parler de « détenus d’opinion » ou encore affirmer vouloir se battre par tous les moyens constituaient des délits. Parmi les quatre délits retenus contre lui, figurent : « atteinte au crédit de l’État, opposition à l’autorité légitime, et incitation au trouble à l’ordre public ».

Très actif sur les réseaux sociaux depuis la dissolution par la junte des partis politiques, Moussa Mara est l’une des bêtes noires du pouvoir. Son procès est fixé au 29 septembre. À la maison d’arrêt de Bamako où il a été transféré, il passera sa première nuit dans une cellule individuelle.

L’avocat de la défense, Me Mountaga Tall, conteste la décision de la justice de mettre son client sous mandat de dépôt et se dit déterminé à faire triompher le droit. L’ancien Premier ministre Moussa Mara est très présent sur les réseaux sociaux surtout depuis la dissolution des partis politiques par la junte malienne. Ces partisans affirment que les militaires au pouvoir n’apprécient ses prises de position.

Réaction de l’ex-ministre et opposant Mamadou Ismaïla Konaté

L’entourage de Moussa Mara voit dans ces convocations en série et cette incarcération ont pour but de faire taire l’une des rares voix critiques au Mali. Maître Mamadou Ismaïla Konaté est ancien ministre malien de la Justice. Installé en France, il est un opposant revendiqué des autorités militaires au pouvoir au Mali. Pour lui, « il faut envisager très vite une action qui vise à demander la liberté provisoire pour Moussa Mara, au motif que le mandat est fondé sur des dispositions de la loi qui ont été mal lues et mal interprétées ».

« Les régimes autoritaires, de surcroît militaires, s’essayent à tout d’abord dans l’imaginaire. Ils pensent qu’ils peuvent tout arrêter. Et deuxièmement, lorsqu’ils ne peuvent pas, ils font recours donc à une justice, des juges qui sont prêts donc à déployer la loi et le droit pour anéantir. C’est pour cette raison qu’il faut envisager très vite une action qui vise à demander la liberté provisoire pour Moussa Mara, au motif que le mandat est fondé sur des dispositions de la loi qui ont été mal lues et mal interprétées. Ce n’est pas tout. Il y a une action judiciaire qui est possible, celle qui consiste à saisir le juge compétent. Il est connu pour mettre en cause l’attitude du procureur de la République, le fondement de son mandat et l’application de la loi. Je pense que les conseils de Moussa Mara vont s’y atteler très vite et très rapidement. Parce que la place d’un ancien Premier ministre, ce n’est tout de même pas la prison », déclare à RFI Mamadou Ismaïla Konaté. 

Cela intervient dans un contexte malien de transition militaire totalement attentatoire des libertés, qui les nie et qui met en cause tous les droits. C’est d’autant plus inquiétant que Moussa Mara n’est pas le seul. Il y en a plusieurs et il y en a d’autres encore qui vont suivre après Moussa Mara. Ce contexte est un contexte de peur. Ce contexte est un contexte d’expression autoritaire du pouvoir et il faut le rappeler, qu’il s’agit quand même de gens qui sont issus d’un coup d’État militaire et qui exercent le pouvoir de façon inadmissible. Ils ont tout anéanti dans ce pays. Ils ont interdit aux hommes politiques d’apparaître comme tels, ils ont interdit les activités politiques, ils ont interdit les manifestations publiques et ils s’installent dans un pays dans lequel ils sont arrivés pour indiquer aujourd’hui que seul était à même de pouvoir rétablir l’ordre et la sécurité. Or, le pays est plus que troublé aujourd’hui. La solidarité est celle que Moussa Mara pouvait exprimer. Cela lui vaut d’être en prison et c’est anormal.

Maître Mamadou Ismaïla Konaté, ex-ministre malien de la Justice, opposant revendiqué des autorités militaires au pouvoir au Mali

Liza Fabbian

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