Le mouvement Nifin’Akanga poursuit son combat pour l’adoption de la proposition de loi sur l’interruption thérapeutique de grossesse. Il alerte sur la forte mortalité maternelle liée aux complications de grossesse.
Des milliers de femmes meurent chaque année des suites de complications liées à la grossesse, selon Mbolatiana Raveloarimisa, membre fondatrice du mouvement Nifin’Akanga. Elle s’est exprimée hier lors d’une réunion de plaidoyer sur l’arrêt médical de grossesse et la lutte contre le viol et l’inceste, tenue à l’hôtel Le Louvre, à Antaninarenina. La grossesse extra-utérine fait partie des complications évoquées à cette occasion.
« Elle touche 5 % des femmes à Madagascar et dans le monde. Il n’y a pas de miracle. Seule l’interruption thérapeutique de grossesse peut y remédier. Des milliers de femmes en meurent », a-t-elle souligné.
Un professeur gynécologue-obstétricien a évoqué d’autres complications mortelles, comme l’insuffisance cardiaque ou rénale décompensée.
« Certaines femmes arrivent à l’hôpital en détresse respiratoire, avec une saturation en oxygène à 85 %, alors qu’elles en sont à 4 ou 5 mois de grossesse. C’est ce qu’on appelle une insuffisance cardiaque décompensée. Cet état de santé est incompatible avec la grossesse. L’équipe médicale doit alors prendre une décision: soit poursuivre la grossesse, et la femme décède après quelques heures ou quelques jours, soit sauver la vie de la mère », explique-t-il.
D’autres complications, comme l’hypertension artérielle sévère, peuvent également conduire à une interruption médicale de grossesse.
Incompatible
« J’ai dû accoucher à 5 mois de grossesse pour être sauvée, car ma tension artérielle était très élevée. On m’a expliqué que si cette opération n’était pas réalisée, je risquais de mourir. Malheureusement, le bébé n’a pas survécu », témoigne Aina.
Le mouvement milite pour que la proposition de loi sur l’interruption thérapeutique de grossesse soit à nouveau inscrite parmi les textes à examiner au Parlement.
« Même si le ministère de la Justice a exprimé son opposition à l’avortement, nous espérons qu’un réexamen sera envisagé », poursuit Mbolatiana Raveloarimisa.
Cette proposition de loi reste encore dans les tiroirs de l’Assemblée nationale. « Il n’est pas nécessaire de la représenter, peut-être seulement de l’améliorer », ajoute-t-elle.
C’est le Bureau permanent qui a empêché son inscription à l’ordre du jour de la session ordinaire de juin 2022, au motif qu’elle serait « incompatible avec la culture et les valeurs malgaches ». Le mouvement espère une rencontre et un dialogue avec les parlementaires et les membres du Bureau permanent. Une dizaine de députés se serait concertée au sujet de cette proposition de loi sur l’interruption thérapeutique de grossesse.
« Quoi qu’il en soit, la société civile reste mobilisée. Que cela prenne un, deux ou trois ans, pour nous, cette réforme est essentielle. La technologie avance, la législation doit suivre, pour protéger les droits des femmes et ceux des soignants, qui sont eux aussi en difficulté », conclut Mbolatiana Raveloarimisa.