À quelques heures du coup d’envoi du CHAN CAF TotalEnergies 2024, le Nigeria avance masqué. Loin du tumulte médiatique et des projecteurs braqués sur les favoris, les Home Eagles — cette sélection composée uniquement de joueurs locaux — peaufinent leur plan de vol. Avec une idée en tête : décrocher enfin un titre continental qui leur échappe encore.
Depuis leur camp de base à Zanzibar, les hommes d’Éric Chelle travaillent en silence. Pas de slogans tapageurs, ni de déclarations fracassantes. Juste du travail. Beaucoup de travail. Une rigueur collective, une faim de revanche, et une envie de réécrire l’histoire du Nigeria dans cette compétition réservée aux joueurs évoluant sur le continent.
Versés dans un groupe D corsé, aux côtés du tenant du titre sénégalais, du Congo et du Soudan, les Nigérians savent qu’ils devront frapper fort d’entrée. Loin d’être paralysante, l’adversité galvanise. « On en parle souvent entre nous. On sait que ce sera dur, mais on veut prouver qu’on a notre place », glisse Harrison Austin, milieu de terrain d’Ikorodu City, véritable métronome d’une équipe qui monte en puissance.
Austin, l’un des joueurs les plus lucides du groupe, incarne bien l’état d’esprit du collectif : humble, mais ambitieux. Après un match nul face à Zanzibar en amical, il a livré une analyse sans détour. « Le coach nous corrige, nous pousse. On organise même des réunions entre nous, pour discuter des ajustements à faire. Tout le monde est impliqué », raconte-t-il.
À la barre, Éric Chelle imprime déjà sa patte. Arrivé pour remplacer l’homme qui avait qualifié l’équipe, le technicien franco-malien a rapidement gagné le respect de son vestiaire. Connu pour sa sérénité et sa pédagogie, il a su créer un climat propice à la progression. « Il est à l’écoute. Il prend le temps d’expliquer. On peut poser des questions, et ça fait la différence », confie Austin.
Sous ses ordres, le Nigeria se forge une identité claire. Une équipe disciplinée, resserrée autour de principes simples mais solides. Et surtout un groupe où la parole circule, où la confiance s’installe. « On s’est tous juré de tout donner pour aller au bout. C’est notre objectif commun », affirme Austin, sans détour.
Finaliste en 2018, le Nigeria a déjà approché de près le trophée. Mais il manque encore ce quelque chose — ce supplément d’âme ou de réussite — pour transformer l’essai. Cette fois, la dynamique semble différente. Moins d’agitation, plus de méthode. Moins d’individualités mises en avant, plus de collectif soudé.
Face à des adversaires aguerris comme le Sénégal ou le Congo, les Home Eagles n’auront pas droit à l’erreur. Pas de phase d’observation : il faudra être prêts dès la première minute. Chelle le sait, ses joueurs aussi. Mais dans l’ombre, ils se sont préparés pour ça.
Le CHAN 2024 pourrait bien marquer un tournant pour le football local nigérian. Une manière de rappeler que le vivier existe, qu’il est solide — et qu’avec la bonne direction, il peut viser très haut.