Le journaliste franco-mauricien de Canal +, Salim Baungally, est de retour à Maurice après 6 ans. Au programme : une journée de séminaire, mercredi dernier, au Hennessy Park à Ebène, pour des journalistes mauriciens de la presse écrite et parlée, en collaboration avec la Mauritius Football Association. Avant la reprise du foot anglais, on l’a cuisiné sur le mercato gargantuesque des Reds, l’excitante arrivée de Gyökeres chez les Gunners et les espoirs de relance à Manchester United…
Salim Baungally, vous venez de terminer un séminaire sur l’expertise au service du sport avec des journalistes sportifs mauriciens. Alors, quelle est la conclusion ? Est-ce qu’on sera tous remplacés à terme par des robots ?
J’espère que non ! Sinon, c’est mal barré pour moi et pour nous tous. Non, l’idée avec ce séminaire, c’était d’échanger, de discuter, d’essayer de voir ce qu’on pouvait faire de mieux à Maurice. Il y a des choses qui ne vont pas forcément bien, d’autres pas si mal que ça. Et, au final, voir ce qui n’allait pas bien et qui pouvait être amélioré.
L’objectif, c’est que ce football mauricien, le Club M et le championnat, puissent être encore mieux appréciés, mieux compris par les fans. Comment ? Parce que les journalistes vont réussir à mieux le communiquer, mieux l’évoquer. Et puis aussi, on est en 2025, il y a déjà un quart de siècle qui est passé. Moi, ça fait 18 ans que je suis dans ce métier et des choses ont changé. Bref, il faut réussir à s’adapter à notre époque, à travers les réseaux sociaux, les technologies, l’IA, les fake news.
Liverpool effectue un recrutement pharaonique. Beaucoup les voient tout écraser sur leur passage la saison prochaine. Partagez-vous cet avis ?
C’est l’unique question qu’on peut se poser. Liverpool a fait un recrutement XXL, mais intelligent. Quand on voit, défensivement, Frimpong et Kerkez qui arrivent, déjà on se dit : ah oui, il y a de l’argent, mais il est investi intelligemment. Au milieu de terrain, évidemment, Wirtz, c’est le joueur qui montre le côté impressionnant de Liverpool.
Quand on voit Ekitike aussi, on se dit que, même s’il n’a pas eu de réussite avec le PSG, à Francfort il a fait des choses intéressantes et donc voilà peut-être un joueur intéressant, surtout quand on a Mohamed Salah et d’autres joueurs autour de lui. Je pense au gardien géorgien Mamardashvili qui est revenu de prêt.
Et le recrutement n’est pas tout à fait terminé…
Oui, peut-être un Isak qui pourrait arriver. Avec le départ de Luis Diaz, on se dit que Liverpool a fait un recrutement intelligent. Mais attention à trois choses… Premier point : est-ce que tous ces joueurs vont pouvoir jouer ensemble ? À un moment, il va y avoir une guerre d’ego aussi. Ekitike, recruté pour 100 millions, est-ce qu’on peut lui dire : «Tu vas rester sur le banc ?» Deuxième point : Arne Slot, lui, est arrivé l’année dernière dans les chaussons de Jurgen Klopp. Alors attention : si c’était aussi facile, vous et moi on serait coachs ! Ce n’est pas le cas… Il s’est appuyé sur ce que Klopp faisait, il a mis des petites touches et ça a bien fonctionné. Aujourd’hui, ce sont ses joueurs, sa manière de jouer, sa tactique qu’il va devoir mettre en place. Dernier point, peut-être le plus important : la Premier League, c’est une chose… et la Ligue des champions alors ?
Le journaliste francomauricien a reçu un maillot souvenir du Club M de la part de la MFA.
Vous faites allusion à l’échec face au PSG la saison dernière ?
Liverpool a été balayé ! Humilié par le PSG dans le jeu, c’est un fait. Liverpool va vouloir faire quelque chose en Ligue des champions, mais également en League Cup et en FA Cup. C’est là où on va voir si Liverpool va vraiment «écraser» les choses.
Viktor Gyökeres est le très gros coup du mercato, destination Arsenal. Va-t-il reléguer Erling Haaland au placard à balais de la Premier League ?
(rires) C’est vrai que la saison dernière a été quand même plus difficile pour Haaland. D’ailleurs, City a été dans une situation beaucoup plus complexe. Le cas Gyökeres est intéressant parce que j’estime, perso, que c’est LE joueur qui manquait à Arsenal. Arsenal est quasiment complet sur toutes les lignes. Raya, c’est plutôt un bon gardien.
On a une bonne défense. Avec Zubimendi qui est arrivé, c’est très bien pour le milieu de terrain. Quand on voit l’attaque : Saka à droite, c’est un joueur essentiel et clé dans le jeu. Gabriel Jesus, c’était le gros problème : un joueur qui pouvait marquer de temps en temps, très technique, mais sa meilleure place, c’est autour d’un attaquant. Pour finir les actions, c’était plus difficile. Havertz, c’est un peu le cas aussi. Là, avec Gyökeres, on a un 9. Enfin ! Souvent à Arsenal on disait «Trust the process», mais peut-être qu’on peut y trust maintenant…
Rúben Amorim est-il le prince qui va réveiller la belle au bois dormant Manchester United ?
Elle est très dormante, cette équipe de Manchester United, quand même…
Mê meavecun Bryan Mbeumo ?
Je vais être très honnête avec vous. Au moment où on parle – mais ça se trouve, dans un mois j’aurai un autre discours parce qu’il y aura eu un recrutement et une tactique mise en place – moi, je suis inquiet pour United. Très inquiet ! Pourquoi ? On a deux joueurs qui sont arrivés : Matheus Cunha et Bryan Mbeumo. Et personne ne peut dire le contraire : deux attaquants qui marquent des buts !
Mbeumo ne faisait pas que marquer, il faisait aussi jouer ses partenaires, notamment Yoane Wissa à Brentford. Cunha, marquer des buts, pas de problème là-dessus. Mais aujourd’hui, quand vous fabriquez une maison, vous commencez par quoi ? Les fondations. J’ai l’impression que Manchester United commence par le toit (éclats de rires dans la salle). United a perdu 18 fois la saison dernière en Premier League ! Ces attaquants ne marquaient pas de buts, o.-k, mais c’est aussi à cause de sa défense !
Le problème, c’est que ce sont les mêmes défenseurs que l’année dernière. Mais si Rúben Amorim arrive à trouver un mix, je ferai mon mea culpa sans aucun problème. Je parle pour les nombreux fans de United : Diogo Dalot titulaire, ce n’est pas un problème, ça ? Pardon ! Dans un très grand club, il n’est jamais titulaire ! André Onana, il peut être par moments exceptionnel, personne ne peut dire le contraire. Mais imaginez : on a jeté David De Gea parce qu’il faisait des erreurs… André Onana, c’est quoi ? Je suis vraiment très inquiet pour United.
Et qu’est-ce qui est prévu pour vous à la rentrée des classes footballistique sur Canal + ?
Beaucoup de choses. J’ai une chance, c’est de pouvoir travailler sur beaucoup de championnats. La Premier League, c’est vrai, mais aussi le championnat d’Allemagne, d’Espagne et de France. On a une nouvelle émis- sion qui va être lancée sur le football français le dimanche, en horaire français, de 19h30 à 20h30, intercalée entre tous les matchs de la journée et celui du soir.
Donc, en gros, maintenant, je vais faire un 19h30 – 0h15 en heures françaises tous les dimanches. Plus les vendredis, une émission de présentation des événements du week-end, en public, avec DJ, artistes et consultants : c’est une émission «Sportainment» (NDLR : prononcer à l’anglaise). Le mercredi, ponctuellement, la Ligue des champions. Le samedi, quand il y a un gros match en Allemagne ou en Espagne, j’y vais aussi. Bref, ça va être une rentrée très chargée. Tout ça avant la Coupe d’Afrique des Nations, pendant un mois, au Maroc !