Centrafrique: le dépouillement du quadruple scrutin continue, certains opposants parlent de fraude

Lendemains de vote en Centrafrique. On votait ce 28 décembre pour un quadruple scrutin inédit avec la présidentielle, lors de laquelle le président Touadera briguait un troisième mandat, mais aussi les législatives, les régionales et les municipales. Après le dépouillement, place à la compilation des résultats par l’autorité nationale des élections ANE, alors que de premières réactions des candidats ont été enregistrées.
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Avec notre envoyé spécial à Bangui, François Mazet
Après un dépouillement tardif, le matériel électoral a rejoint les 140 démembrements de l’ANE pour compilation. Les documents doivent ensuite partir pour Bangui, sous la responsabilité de la Minusca, la Mission des Nations unies en Centrafrique, ce qui prendra plusieurs jours.
Au centre de traitement des données, les résultats font l’objet d’un décompte manuel, ainsi que d’une saisie informatique. L’ANE publiera les données par bureau de vote au fur et à mesure jusqu’à annoncer les chiffres provisoires globaux, au plus tard le 5 janvier.
Dès la fin du scrutin, le 28 décembre au soir, elle a dénoncé « la diffusion de fausses statistiques et de prétendus résultats » : Aucun chiffre n’a été publié jusque-là, pas même la participation. Les observateurs de la société civile ont jugé « faible » l’affluence générale. La mission de la société civile réseau-Arc-en-ciel soutenue par EISA, l’institut électoral sud-africain, et l’Union européenne, constituait le principal et le plus crédible contingent d’observateurs de ces scrutins. Elle a noté un déroulement général dans le calme ainsi qu’un certain nombre de dysfonctionnements, notamment liés à la liste électorale qu’elle avait appelé à revoir correctement avant les scrutins. Pour Joseph Bindoumi, le chef de cette mission, l’autorité nationale des élections doit désormais faire son travail et aboutir à des résultats acceptables par tous.
Nous attendons que les résultats soient compilés et publiés et qu’ils n’amènent pas de violence.
Joseph Bindoumi chef de la mission d’observateurs de la société civile en Centrafrique
La participation au centre du débat
Dans un communiqué ce 29 décembre, le porte-parole de la campagne Touadera a lui souligné une « participation » massive et salué l’organisation et le déroulement du scrutin. Evariste Ngamana affirme que « les premières tendances placent inévitablement en tête » le chef de l’État.
« C’est une véritable réussite parce que le scrutin s’est déroulé dans le calme. C’était un challenge parce que depuis pratiquement 40 ans, les élections locales et régionales n’ont pas été organisées et tout le processus s’est bien déroulé et nous saluons l’ensemble des acteurs qui ont contribué à la réussite de ce processus. Les résultats qui nous parviennent déjà de nos différents états majors révèlent la réalité du terrain. Tout le monde a concouru, tout le monde a battu campagne. Notre candidat, le professeur Faustin Archange Touadéra, a sillonné l’ensemble du territoire, a présenté son projet de société, a présenté son bilan, a sollicité le suffrage à nouveau du peuple centrafricain. Et c’est ce qui est en train de se faire. Donc aujourd’hui, les résultats peuvent effectivement de la réalité du terrain. C’est ce qui s’est exprimé dans les urnes. Et j’en appelle à tout un chacun à pouvoir rester calme et à se plier à cette décision du peuple centrafricain ».
Des opinions divergentes
Ce quadruple scrutin est-il une « véritable réussite » comme l’affirme Evariste Ngamana, avec une participation forte ? Pas du tout, répond Henri-Marie Dondra. Candidat à la présidentielle, il déplore de nombreuses irrégularités et promet de saisir l’ANE.
« Beaucoup sont restés chez eux, ils se faisaient presque déjà une idée en se disant que bon, les dés étaient pipés au départ. Á mon avis, il n’y a pas eu beaucoup d’influence. Nous avons assisté à une fraude presque massive en raison des irrégularités que nous avons relevées ci et là au moment du dépouillement. Eh bien, on a mis quasiment tous nos représentants en dehors de la salle. Deuxièmement, on a relevé aussi que, et ça, ça a été vu un peu partout, il y avait des gens qui avaient déjà des bulletins de vote en leur possession, qui allaient voter et ressortaient avec les bulletins vierges qui leur avaient été remis lors du vote : achat de conscience contre un billet de 1 000 francs ou bien de 2 000 francs. Nous allons peut-être saisir l’ANE pour relever un peu ces cas d’irrégularités ».
Parmi les opposants, Anicet-Georges Dologuélé ne s’est pas encore exprimé.
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