Soudan: l’UA appelle à ne pas reconnaître le gouvernement parallèle formé par les paramilitaires

L’Union africaine (UA) a appelé ses membres, mercredi 30 juillet, à ne « pas reconnaître » le gouvernement parallèle formé par les paramilitaires du Soudan et leurs alliés le 26 juillet dernier. Les Forces de soutien rapide (FSR), qui s’opposent à l’armée depuis avril 2023, ont annoncé depuis Nyala, au Kordofan du Sud, un gouvernement parallèle destiné à exercer le pouvoir dans les zones sous leur contrôle. Aucun pays ne l’a reconnu. Au contraire, les positions des voisins et des États africains sont unanimes pour le refuser. La réunion du Quartet prévue le 29 juillet, l’Égypte et les Émirats arabes unis, deux alliés des États-Unis, ne se sont pas entendus sur le brouillon du communiqué final de la réunion.

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En rejetant cette initiative, l’Union africaine affirme vouloir s’opposer à « la fragmentation du Soudan ». Son Conseil de paix et de sécurité appelle tous les États membres, ainsi que la communauté internationale, à ne pas reconnaître « le soi-disant gouvernement mis en place » par la coalition Tasis. 

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Le communiqué de l’Union africaine considère que ce gouvernement « aurait de graves conséquences sur ses efforts de paix et à sur l’avenir même du Soudan ». Il condamne sans équivoque, une fois de plus, toutes les formes d’ingérence extérieure qui alimentent le conflit soudanais en « violation flagrante » des résolutions de l’ONU.

Une condamnation régionale unanime 

Le secrétariat de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), réuni à Bujumbura, composé de douze pays africains, a, lui aussi, condamné cette initiative. Son communiqué évoque des « répercussions significatives sur l’unité du Soudan ». 

Même rejet du côté de la Ligue arabe et de l’Arabie saoudite, qui refuse « toute mesure illégale prise hors du cadre des institutions officielles de la République du Soudan ». 

L’Égypte, première à réagir, a clairement indiqué par la voix de son ministre des Affaires étrangères qu’elle n’acceptera jamais la division du Soudan. 

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Une réunion internationale avortée à Washington 

Dans le même temps, la réunion internationale sur la guerre au Soudan prévue ce mardi 29 juillet à Washington n’a pas eu lieu. Elle a été annulée et aucune nouvelle date n’a été communiquée. Le secrétariat d’État américain n’a pas communiqué non plus sur les raisons de cette annulation. Selon des sources diplomatiques, le Quartet – composé des États-Unis, de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et de l’Égypte – ne parvient pas à s’accorder sur une position commune face au conflit. 

Un diplomate, sous couvert d’anonymat, a confié à l’AFP que c’est « un désaccord non résolu » sur le contenu de la déclaration finale qui a provoqué l’annulation de la réunion. En cause : cette idée, insérée dans le texte à la dernière minute par les Émirats, mentionne que ni l’armée, ni les Forces de soutien rapide ne figureront dans le futur processus de transition. Une exigence jugée « totalement inacceptable » par l’Égypte. 

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L’Égypte craint pour sa souveraineté nationale

Pourtant, les préparatifs de cette réunion avaient duré plusieurs semaines. Beaucoup d’acteurs soudanais espéraient un début de solution à une impasse qui perdure. 

Selon des experts, l’Égypte voit dans une solution, qui accorde le pouvoir uniquement aux civils, une décision qui vise ses alliés au Soudan. Une menace directe à sa sécurité nationale. Elle préfère avoir l’armée soudanaise au pouvoir pour garantir ses intérêts vitaux.

En l’absence de dialogue, l’option militaire domine toujours, alors même que l’ONU classe la crise soudanaise parmi les plus graves au monde. Après plus de 27 mois de conflit, l’armée soudanaise contrôle le nord et le centre du pays, tandis que les FSR dominent la majeure partie du Darfour à l’ouest et certaines zones du Kordofan. 

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