Soudan: l'avancée des paramilitaires au Darfour et au Kordofan provoque un nouvel exode de civils

Plus de 10 000 personnes ont fui en 72 heures leurs localités dans le Darfour-Nord et le Kordofan-Sud, dans l’ouest et le sud du Soudan, en raison d’une recrudescence des violences. C’est ce qu’a indiqué dimanche 28 décembre l’agence de l’ONU pour les migrations. Des milliers de personnes qui viennent s’ajouter aux dizaines de milliers de déplacés déjà enregistrés depuis deux mois après la chute de la ville d’El-Fasher au Darfour-Nord, où un journaliste a été arrêté et serait toujours détenu par les paramilitaires des Forces de soutien rapide qui sont à l’offensive.

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Au Soudan, entre les 25 et 26 décembre, plus de 7 000 habitants ont quitté les localités de Kernoi et d’Oum Barou, dans le Darfour-Nord, près de la frontière tchadienne, a rapporté l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Entre le 24 et le 26, environ 3 100 personnes ont par ailleurs fui Kadougli, capitale du Kordofan-Sud, assiégée par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) depuis plus d’un an et demi, selon l’OIM. Dans cette ville où la famine a été déclarée en novembre, les organisations humanitaires ont évacué leur personnel après le retrait de la base logistique de l’ONU, selon une source locale.

Depuis avril 2023, une guerre oppose l’armée soudanaise aux FSR. Le conflit a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, 11 millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU. La prise fin octobre de la capitale du Darfour-Nord, El-Facher, par les FSR avait déjà provoqué l’exode de plus de 107 000 civils, selon l’OIM.

Ces derniers jours, les paramilitaires ont progressé vers l’ouest à travers des enclaves habitées par l’ethnie Zaghawa, jusque-là contrôlées par des milices alliées à l’armée. Le 26 décembre, deux soldats tchadiens ont été tués par un drone des FSR qui a frappé la ville frontalière de Tiné, a indiqué à l’AFP une source militaire tchadienne.

Maîtres d’un tiers du territoire soudanais, les FSR concentrent désormais leurs offensives sur le Kordofan voisin, région riche en pétrole, or et terres fertiles, cherchant à reprendre le corridor central du Soudan, qui relie le Darfour à la capitale Khartoum. La guerre a déchiré le pays en deux. L’armée contrôle le nord, l’est et le centre, tandis que les FSR dominent toute la région du Darfour et, avec leurs alliés, certaines zones du sud.

Un journaliste fait prisonnier à El-Fasher

Cela fait deux mois, le 26 octobre, les paramilitaires du général Hemetti prenaient d’assaut la ville d’El-Fasher au Darfour-Nord, provoquant la fuite de dizaines de milliers de personnes à travers la région. Aujourd’hui, la ville est toujours sous contrôle des FSR dont les combattants sont accusés d’exactions, exécutions, viols, tortures et séquestrations.

Selon le Réseau des médecins soudanais, environ 5 000 civils sont détenus par les paramilitaires dans la ville de Nyala (Darfour-Sud), leur quartier général. Parmi eux, un journaliste, Muammar Ibrahim, dont la photo circule sur les réseaux sociaux pour exiger sa libération.

26 octobre, 5h du matin, le journaliste Muammar Ibrahim poste son dernier message sur son compte X : « El Fasher, que Dieu préserve ses habitants »… Quelques heures plus tard, la ville tombe aux mains des paramilitaires. Muammar Ibrahim est arrêté. Correspondant pour le média qatari Al Jazeera, il était l’un des derniers journalistes à être resté à El-Fasher et faisait partie des rares sources d’informations sur place.

Il postait régulièrement sur les réseaux sociaux des nouvelles des combats et de la situation humanitaire dans cette ville assiégée pendant 18 mois. Quelques jours après son arrestation, il apparaît sur une vidéo aux côtés d’un porte-parole des Forces de soutien rapide qui l’accusent de diffamation.

Le journaliste a été incarcéré dans la ville de Nyala, le QG des paramilitaires. Aucune nouvelle de lui pendant plusieurs semaines. Il y a 10 jours, le Réseau des médecins soudanais fait savoir que selon leurs informations il est toujours vivant et en prison. Selon un membre de ce réseau, le journaliste, comme des centaines de civils, est otage des FSR qui essayent très probablement de monnayer sa libération auprès du média qatari. 

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