Soudan: une délégation de l’ONU s’est rendue à El-Fasher deux mois après la prise de la ville par les FSR

La section soudanaise du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a indiqué vendredi 26 décembre 2025 s’être rendue à El-Fasher, prise le 26 octobre par les Forces de soutien rapide (FSR), en guerre au Soudan contre l’armée depuis le 15 avril 2023. C’est la première visite d’une délégation des Nations unies dans cette ville de l’ouest du pays où des témoignages font état d’exécutions, de violences sexuelles et d’exactions contre les civils en fuite. Selon Ocha, cette première mission devait déterminer si les conditions sécuritaires sont suffisamment bonnes pour permettre l’envoi de missions humanitaires.

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Ce 26 décembre 2025, deux mois après la prise d’El-Fasher par les paramilitaires, une délégation des Nations unies a pu se rendre dans la capitale de l’État du Darfour-Nord, ville stratégique du Soudan. « À la suite de longues négociations humanitaires, une mission d’évaluation des Nations unies s’est rendue aujourd’hui à El-Fasher », affirme un communiqué signé de Denise Brown, coordonnatrice résidente et humanitaire des Nations unies au Soudan. « Il s’agit de la première mission menée par le personnel des Nations unies dans cette ville après des mois de combats intenses, de siège et de violations généralisées à l’encontre des civils et des travailleurs humanitaires. Depuis le début de la guerre, des centaines de milliers de civils ont dû fuir El-Fasher et ses environs », poursuit le texte.

Selon Ocha, joint ce samedi par RFI, il s’agit d’une première mission qui avait pour but d’évaluer la situation sécuritaire. L’équipe n’est restée que quelques heures sur place et devait déterminer si les conditions sécuritaires sont suffisamment bonnes afin de permettre l’envoi de missions humanitaires.

Un « accès crucial »

L’ONU et des ONG humanitaires demandaient régulièrement un accès à El-Fasher, où les communications sont toujours coupées.

Sur les réseaux sociaux, Massad Boulos, conseiller principal des États-Unis pour les affaires arabes et africaines, s’est réjoui : « C’est avec satisfaction que nous constatons l’arrivée de la mission d’évaluation des Nations unies à El-Fasher, preuve que la diplomatie américaine contribue à sauver des vies. Cet accès crucial fait suite à des mois de négociations menées sous l’égide des États-Unis et au travail acharné d’Ocha et d’autres partenaires humanitaires sur le terrain. Nous espérons que les convois d’aide parviendront régulièrement à El Fasher après ce siège épouvantable. »

Dans un rapport publié mi-décembre, le Humanitarian Research Lab (HRL) de l’université américaine de Yale estime que les FSR ont « détruit et caché les preuves des tueries de masse commises à grande échelle ».

«Mission importante, merci à l’équipe», réagit Tom Fletcher, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU

Sur leur chaîne Telegram en arabe, les Forces de soutien rapide (FSR) se sont félicitées de « la visite fructueuse sur le terrain d’une délégation de haut niveau du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) et du Département de la sûreté et de la sécurité (UNDSS) des Nations unies dans la ville d’El-Fasher, où la délégation a évalué la situation des personnes déplacées et leurs besoins humanitaires, examiné le niveau des services qui leur sont fournis, et écouté les témoignages directs des personnes déplacées dans les camps ».

Les FSR détaillent les lieux inspectés par la délégation. Elles « se déclarent pleinement disposées à coopérer avec les Nations unies et toutes les organisations internationales œuvrant dans le domaine humanitaire, afin de faciliter leurs tâches et de leur permettre de remplir leur rôle humanitaire dans les régions du Darfour et du Kordofan ».

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L’ONU met en garde contre le risque d’atrocités au Kordofan

Le Darfour, à l’ouest du Soudan, et le Kordofan, plus au centre, sont le théâtre depuis plusieurs mois de violents affrontements entre les paramilitaires du général Hemedti et l’armée du général al-Burhan, en guerre depuis le 15 avril 2023. Un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé des millions de personnes et provoqué ce que l’ONU qualifie de pire crise humanitaire au monde.

La prise d’El-Fasher a provoqué la fuite de plus de 107 000 civils, selon un bilan publié le 21 décembre par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Désormais maîtres d’un tiers du territoire soudanais, les paramilitaires ont recentré leurs offensives sur le Kordofan, vaste territoire qui compte trois États riches en pétrole, en or et en terres fertiles. L’ONU a mis en garde contre le risque de voir se répéter au Kordofan les atrocités commises à El-Fasher, où les paramilitaires sont accusés de massacres, violences sexuelles et enlèvements.

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