Israël reconnait officiellement le Somaliland, la Somalie dénonce une «attaque délibérée contre sa souveraineté»

Israël a annoncé vendredi 26 décembre la reconnaissance du Somaliland, une république autoproclamée. Jusqu’à aujourd’hui, cette république ayant fait sécession de la Somalie, il y a près de 35 ans, n’avait jamais bénéficié de la reconnaissance d’un État.
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Israël devient l’unique État au monde à reconnaitre le Somaliland comme « un État indépendant et souverain », une reconnaissance « mutuelle », précise le communiqué officiel israélien.
Dans ce texte, le Premier ministre Benyamin Netanyahu mentionne « l’esprit des Accords d’Abraham » en référence à la vague de normalisation qui a vu en 2020 les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan établir des relations diplomatiques avec l’État hébreu. Le Soudan, plongé depuis dans la guerre, n’ayant pas ratifié cette normalisation.
En termes d’impact, la reconnaissance du Somaliland n’a pas grand-chose à voir avec la perspective d’une normalisation avec l’Arabie saoudite, longtemps espérée par Israël, mais aujourd’hui bloquée par Riyad en raison de la politique de l’État hébreu vis-à-vis des Palestiniens.
En tissant des liens avec le Somaliland, Israël peut espérer poser un pied dans la Corne de l’Afrique à portée des rebelles houthis du Yémen, alliés de l’Iran et ennemis déclarés de l’État hébreu. Restent aussi ces informations jamais confirmées sur un projet de relocalisation au Somaliland de Palestiniens de Gaza, l’un des scénarios ayant circulé ces dernières années alors que des responsables israéliens et américains évoquaient ouvertement une bande de Gaza vidée de tout ou partie de sa population.
Condamnation de la Somalie
A commencer par celle de la Somalie. Mogadicho voit dans la reconnaissance du Somaliland par Israel une « attaque délibérée » contre sa souveraineté. Selon un communiqué de la primature somalienne, cette reconnaissance exacerbe les « tensions politiques et sécuritaires dans la corne de l’Afrique, la mer rouge et le golfe d’aden, le moyen orient et la région au sens large ». La Somalie réaffirme également son soutien au peuple palestinien.
Au-delà du pays, les condamnations se sont multipliées dans la soirée, notamment en provenance de Djibouti, de l’Égypte et de la Turquie, qui dénonce une « ingérence manifeste » dans les affaires somaliennes. Les chefs de la diplomatie somalienne, égyptienne, turque et djiboutienne se sont entretenus par téléphone après l’annonce israélienne, exprimant leur « rejet total et leur condamnation de la reconnaissance par Israël de la région du Somaliland », et soulignant leur « plein soutien à l’unité, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Somalie ».
Selon un communiqué du bureau du Premier ministre somalien Hamza Abdi Barre, la reconnaissance du Somaliland par Israël exacerbe également « les tensions politiques et sécuritaires dans la Corne de l’Afrique, la mer Rouge et le golfe d’Aden, le Moyen-Orient et la région au sens large ».
Plusieurs organisations ont aussi rejeté la reconnaissance israelienne du Somaliland, parmi lesquelles le Conseil de coopération du Golfe, la Ligue arabe et l’Union africaine. Dans un communiqué, le président de la commission de l’UA, le Djiboutien Mahmoud Ali Yousouf, réaffirme l’attachement de l’organisation continentale à l’unité de la Somalie. Il évoque un acte contraire aux principes de l’Union africaine, qui risque de créer un « dangereux précédent », avec des conséquences importantes pour la paix et la stabilité sur l’ensemble du continent
Le Somaliland a déclaré unilatéralement son indépendance en 1991, alors que la République de Somalie sombrait dans le chaos après la chute du régime militaire de l’autocrate Siad Barre. Il fonctionne depuis en autonomie, avec ses propres monnaie, armée et police, et se distingue par sa relative stabilité comparée à la Somalie, minée par l’insurrection islamiste des shebabs et les conflits politiques chroniques.
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