Détenu depuis le 16 mai dernier, car accusé d’« incitation à la révolte et à la haine » et de « complicité de violences intercommunautaires », Succès Masra a désormais, dans son dossier, de nouveaux chefs d’accusation tels que « diffusion des messages de nature raciste et xénophobe », d’« assassinat », et d’« association de malfaiteurs ».
L’ancien Premier ministre tchadien et leader de l’opposition, Succès Masra, a été arrêté le 16 mai 2025 dans son domicile à N’Djamena. La justice tchadienne lui reprochait à ce moment d’être auteur d’« incitation à la révolte et à la haine », complice de « violence intercommunautaire » qui ont eu lieu en mai dernier dans le village de Mandakao.
Ce mercredi 30 juillet 2025, en audience devant les juges de la chambre d’accusation, l’homme politique a vu son dossier être renvoyé à la chambre criminelle suite à de nouveaux chefs d’accusation qui lui seraient reprochés. Le président du parti Les Transformateurs est, d’après la justice, poursuivi pour « diffusion des messages de nature raciste et xénophobe », d’« assassinat », et d’« association de malfaiteurs ».
À l’entame de l’audience, les juges de la chambre d’accusation ont notamment joint son dossier à ceux de 27 personnes inculpées pour le massacre de Mandakao.
Une situation qui a été au grand étonnement des avocats de celui qui était le principal opposant de Mahamat Idriss Déby. Les avocats ont quitté la salle d’audience, déplorant leur impossibilité de plaider sur des éléments dont ils n’ont pas eu accès en amont.
Selon Rfi, Sitack Yambatina Beni, le vice-président des Transformateurs, a indiqué : « Aucune plaidoirie, le fond du dossier n’a pas été discuté et les juges ont délibéré entre eux sans contradictoire », avant qu’il s’interroge sur les raisons de cette audience. « Le procureur général a pris ses fonctions vendredi et n’est même pas à N’Djamena, comment cette audience a-t-elle pu avoir lieu ? ».
De son côté, Maître Saïd Larrifou, avocat de Succès Masra, n’a pas manqué de dénoncer un jugement « dénué de tout fondement juridique », estimant que ce sont des accusations arbitraires et préparées « dans les couloirs du pouvoir ». Mais les affirmations de Maître Saïd Larrifou n’ont pas laissé les autorités silencieuses.
Le gouvernement s’est exprimé par le biais de son porte-parole et ministre de la Communication, Gassim Cherif. Maître Saïd Larrifou « jette l’opprobre » sur la justice du pays « indépendante de toute ingérence politique », a-t-il regretté. Pour le membre du gouvernement, ces propos sont « outranciers, irresponsables et inexcusables ».