Cameroun: des soutiens de l’opposant en exil Issa Tchiroma Bakary réunis à Paris

Deux mois après la présidentielle au Cameroun, Issa Tchiroma Bakary continue de revendiquer la victoire et dénonce les résultats officiels donnant Paul Biya, vainqueur du scrutin, et réélu pour un 8e mandat. Ce 15 décembre à Paris, une partie des soutiens de l’ancien ministre, venus du Cameroun ou membres de la diaspora, ont organisé une conférence de presse pour appeler les Camerounais qui aspirent au changement à ne pas se décourager et la communauté internationale à ne pas fermer les yeux sur la situation du pays.

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Pour la porte-parole Armelle Mbappe, contrairement au discours de Yaoundé, le Cameroun est toujours en crise post-électorale. « Une crise sans précédent, pourquoi ? Parce qu’on a des preuves, la fraude est documentée. Donc, ça donne une tout autre tonalité à ce que nous vivons. Tout le monde en a marre », assure-t-elle lors de cette réunion laquelle assistait Amélie Tulet.

Une lassitude sociale généralisée selon la femme d’affaires, Rebecca Enonchong : « Souvent j’entends : « Ah, les Camerounais sont dociles, ils ne réagissent pas, ils ne marchent pas. » Mais ils crient par des actes concrets. Quand les femmes se couchent sur une route parce qu’il n’y a pas de courant, c’est la colère de tous les Camerounais qu’elles sont en train d’exprimer. »

Le collectif d’avocats promet des actions en justice pour des décès de civils recensés

Pour dénoncer la mort en détention le 1er décembre de l’opposant Anicet Ekane, deux de ses fils sont présents. Muna Ekane lance : « Ils l’ont tué, ils l’ont assassiné ! Anicet Ekane était un homme de 74 ans, il souffrait d’une pathologie chronique stabilisée, il n’était pas censé mourir, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire. Mon père n’avait aucun doute sur le fait que le vainqueur, c’est le président Issa Tchiroma Bakary. »

Le collectif d’avocats promet par ailleurs des actions en justice pour une soixantaine de décès de civils recensés. Le ministre de l’Administration territoriale a reconnu 20 morts, mais le collectif affirme en avoir documenté 60. Parmi ces décès, le collectif d’avocats compte celui en détention le 1er décembre de l’opposant Anicet Ekane.

Maître Augustin Nguefack, qui dirige le collectif des avocats d’Issa Tchiroma Bakary, affirme : « Il y a 60 morts, 3 000 personnes interpellées, plus de 600 blessés. Même si c’est un ministre de la République qui est donneur d’ordres, la loi réprime. Nous allons engager les procédures, que ce soit pénal, que ce soit civil, que ce soit les procédures administratives. Nous en engagerons contre ceux qui possédaient ou détenaient les armes avec lesquelles on a tué la population. Les enquêtes seront ouvertes. Et, au sortir de ces enquêtes, on va identifier les donneurs d’ordre, on va identifier l’exécuteur et puis tous seront poursuivis. Nous demandons à la communauté internationale de réagir. Elle ne doit pas fermer les yeux, se boucher les narines, fermer la bouche sur le cas du Cameroun. Nous avons toutes les preuves des assassinats des personnes à mains nues par l’armée. Donc, il est temps que ça change. »

Paul Biya a été réélu le 12 octobre 2025 avec 53,66% des voix, selon les résultats officiels. Mais Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre passé à l’opposition et en exil depuis plusieurs semaines en Gambie, revendique également la victoire. Cette réélection à un huitième mandat a donné lieu à des manifestations réprimées dans plusieurs grandes villes.

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