Bénin: arrestation de l'ancien ministre Candide Azannaï, mandat d’arrêt lancé contre Kemi Seba

Au Bénin, cinq jours après la tentative de coup d’État du 7 décembre à Cotonou, trois figures de l’opposition ont été visées, vendredi 12 décembre, par des interpellations ou des mandats d’arrêt. Parmi elles, l’ancien ministre délégué à la Défense Candide Azannaï et l’influenceur anti-occidental Kémi Séba, visé par un mandat d’arrêt international. L’opposant Sabi Sira Korogoné affirme aussi faire l’objet d’un mandat d’arrêt. Le gouvernement a annoncé l’ouverture d’enquêtes destinées à retrouver les auteurs et commanditaires de la tentative de coup d’État.
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L’opposant politique et ancien ministre délégué à la Défense Candide Azannaï a été arrêté vendredi 12 décembre en fin de matinée à Cotonou. Les forces de sécurité l’ont conduit à la direction de la police judiciaire, où il est retenu depuis plusieurs heures. Ce sont ses proches qui ont donné l’alerte, indique notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan.
Selon eux, le président de Restaurer l’Espoir (RE) arrivait au siège de son parti lorsque son véhicule a été encerclé par la police. Il a accepté de suivre les agents qui venaient l’interpeller, montant dans leur véhicule en direction de la police judiciaire, où il se trouve depuis la mi-journée. Une poignée de militants a suivi le convoi jusqu’à destination.
Après minuit, une source judiciaire confirme que Candide Azannaï est placé en garde à vue pour « complot contre l’autorité de l’État et incitation à la rébellion ». Dans la journée, certains de ses proches parlaient d’enlèvement. Est-il en garde à vue ? « Il y est retenu », nous confiait une source proche du dossier. Pour quels motifs ? « Nous sommes dans un contexte », lâchait simplement notre interlocuteur.
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Cette arrestation intervient alors que le gouvernement a annoncé l’ouverture d’enquêtes destinées à retrouver les auteurs et commanditaires de la tentative de coup d’État du 7 décembre. Face aux faits, le chef de l’État, avait promis que cette « forfaiture ne restera pas impunie ».
Ancien allié de Patrice Talon reconverti en opposant farouche après sa démission du ministère délégué à la Défense, Candide Azannaï s’est illustré par des interventions publiques et des publications virulentes, souvent qualifiées de « guérilla verbale » par des observateurs. La gouvernance du président Talon, tant sur le plan démocratique qu’économique, constituait sa cible.
Tout en se revendiquant démocrate et en présentant son parti comme un mouvement de résistance, Restaurer l’Espoir a néanmoins publié une déclaration condamnant fermement la tentative de coup d’État, estimant qu’« aucune raison ne saurait la légitimer ».
Mandat d’arrêt international lancé contre Kemi Seba
Parallèlement, la justice béninoise a émis un mandat d’arrêt international contre l’influenceur anti-occidental Kémi Seba, originaire du Bénin, déchu de sa nationalité française en 2024 et soutien affiché des juntes militaires sahéliennes proches de Moscou. La junte nigérienne lui a d’ailleurs délivré un passeport diplomatique.
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Fort de ses 1,5 million d’abonnés, Kémi Séba est recherché pour « apologie de crime contre la sûreté de l’État, incitation à la haine, à la violence et à la rébellion ». Dès les premières heures de la tentative de coup d’État, il avait diffusé une vidéo qualifiant les mutins de « militaires patriotes ». « Le Bénin est libéré, des militaires patriotes, dignes, courageux, en adéquation avec la voix de souveraineté populaire, de ceux et celles qui se lèvent chaque jour pour cette dignité, ont pris leur responsabilité, ils ont mis aux arrêts le président Talon », affirmait-il.
En octobre 2024, Kémi Séba avait été placé en garde à vue en France, soupçonné de « liens » avec le groupe paramilitaire russe Wagner, avant d’être relâché — l’enquête se poursuivant. Selon les « Wagner Leaks », documents internes piratés, Evgueni Prigojine aurait financé certaines de ses actions en Afrique entre 2018 et 2019.
Enfin, un autre opposant béninois, Sabi Sira Korogoné, affirme dans une vidéo publiée vendredi faire l’objet d’un mandat d’arrêt.
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