Congo-Kinshasa: À Tchomia, un nouveau projet ouvre la voie à la réinsertion des ex-combattants en Ituri

A Tchomia, un village situé dans le territoire de Djugu en l’Ituri, une province du nord-est de la République démocratique du Congo, un souffle d’espoir parcourt les communautés. Après des années marquées par des conflits et d’instabilité, un nouveau projet mis en œuvre dans le cadre du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS) vient d’offrir aux ex-combattants une chance de reconstruire leur vie et d’apporter des améliorations concrètes qui profitent directement à l’ensemble de la communauté.

Le programme national DDRCS reste fidèle à sa promesse : Pour, Avec, et Par les Communautés.

Après Tsere, ce projet vient s’ajouter à une liste d’interventions par les partenaires du P-DDRCS surtout la MONUSCO. Après une année d’une promesse lancée par M. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies pour les Opérations de Paix, lors de sa visite en RDC en 2024, la section du Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Stabilisation (DDR-S) de la MONUSCO avec le financement du Fonds de Cohérence pour la Stabilisation, a officiellement lancé les travaux de ce nouveau projet. La mise en oeuvre a été confiée à deux organisations locales : Mwangaza Peace et le Réseau d’Associations pour le Développement Durable (RAD asbl).


Suivez-nous sur WhatsApp | LinkedIn pour les derniers titres

Sur une période de six mois, 257 bénéficiaires, dont 89 ex-combattants suivront des formations en production d’aliments nutritifs pour poissons et participeront à des travaux rémunérés au service de leur communauté. Pour ces hommes et femmes c’est une opportunité de retrouver leur dignité et rôle actif dans la société après des années d’instabilité, pauvreté et marginalisation. Dans une région où les moyens de subsistance ont été fortement fragilisés par les conflits, ce projet, porté par des acteurs locaux, représente un chemin vers la stabilité et donne espoir aux milliers de déplacés qui souhaitent rentrer chez eux.

« La réinsertion n’est pas une récompense à la violence. C’est un investissement pour la sécurité de nos enfants. Chaque ex-combattant transformé en citoyen productif, c’est une arme retirée et des bras ajoutés à la reconstruction de notre province. » a mentionné Madame Irène Vaweka, conseillère du Gouverneur militaire de l’Ituri en charge de la jeunesse, qui a présidé la cérémonie de lancement « Nous remercions la MONUSCO, partenaire technique et financier, pour son appui inestimable à la paix et au développement de notre province. » a-t-elle ajouté

Le cœur du projet consiste en la construction d’une usine locale de fabrication d’aliments nutritifs pour poissons, ainsi qu’en l’aménagement de champs communautaires destinés à produire les matières premières qui alimenteront cette usine, et la mise en place de dépôts de stockage. Pour ces ex-combattants chaque sac d’aliment produit est un pas vers la réinsertion et loin de la violence. Pour la communauté, elle offre une alternative locale aux produits importés, contribuant à l’économie et à la sécurité alimentaire, dans une région où le lac Albert est une source essentielle de revenus.

« Avant d’arriver ici, je me suis entretenu avec Sa Majesté Kahwa, chef de la chefferie, qui m’a rappelé que ce projet n’est pas celui de la MONUSCO mais bien celui des habitants de Tchomia. Il vous appartient. Appropriez-vous ce projet et faites-le réussir pour un avenir paisible pour vous et vos enfants »

Exprimait Josiah Obat, Chef de bureau de la MONUSCO à Bunia.

La cérémonie de lancement organisée à Tchomia a été marquée par la pose de la première pierre de l’usine, en présence des leaders communautaires, des autorités locales et des partenaires du projet. Ce moment, attendu de longue date, a rappelé aux habitants que malgré les épreuves traversées, des initiatives concrètes peuvent encore tracer la voie vers un avenir plus stable. Parmi les voix les plus attendues figurait celle du Mwami de la chefferie de Bahema Banywagi, Kahwa Panga, qui a insisté sur la pertinence stratégique du projet pour la région.

« C’est un projet intelligent, car ici nous vivons principalement de trois activités : la pêche, l’agriculture et l’élevage. Ce projet intègre ces trois secteurs qui reflètent notre quotidien. L’usine ne servira pas seulement à produire des aliments nutritifs pour poissons, mais également pour les lapins, les poules et les porcs. Elle s’inscrit dans le programme 2026-2030 de notre chefferie, qui vise à créer la richesse et à lutter contre la pauvreté. Je garantis à nos partenaires que nous suivrons de près l’exécution de ce projet jusqu’à l’atteinte des résultats escomptés. » a-t-il souligné.

Plusieurs autorités administratives étaient également présentes lors de la cérémonie et ont réaffirmé leur soutien au projet « Je remercie la MONUSCO qui a mobilisé les moyens nécessaires pour la réalisation de ce projet. Un grand merci également au chef de la chefferie qui a soutenu cette initiative en octroyant un terrain destiné à accueillir les différents édifices de l’usine », a déclaré, Ruphin Mapela, administrateur du territoire de Djugu. « À nos partenaires Mwangaza Peace et RAD, vous avez reçu les moyens de la MONUSCO. Nous comptons sur vous pour respecter les plans établis et concrétiser ce qui a été prévu. Nous espérons qu’au cours des trois ou quatre prochains mois, les premiers résultats seront visibles. » a-t-il ajouté.

Pour leur part, les représentants du P-DDRCS, Honoré Kahwa et Fidèle Dramani, qui étaient également présents, ont rappelé l’importance de cette initiative pour la prévention de la remobilisation armée. En offrant des opportunités économiques concrètes et en renforçant les dynamiques communautaires, le projet contribuera à réduire les vulnérabilités qui alimentent les cycles de violence. Ils ont également souligné l’ambition de voir l’usine pleinement opérationnelle dans un délai de quatre à six mois, une étape clé qui marquera un tournant pour les ex-combattants en voie de réintégration et pour l’ensemble des habitants de Tchomia.

En conclusion, ce projet illustre de manière concrète l’importance d’une collaboration étroite entre les autorités étatiques au niveau national comme au niveau local, les organisations de la société civile et partenaires internationaux afin de soutenir le programme national DDRCS qui constitue la voie de sortie des groupes armés qui sont volontaires à abandonner la violence et reconstruire leur pays.

Au-delà de la construction d’infrastructures et de la mise en place des activités économiques, ce projet contribue à créer un environnement inclusif et prêt à assurer une réintégration durable des ex-combattants et à renforcer la cohésion sociale. Les prochains mois seront déterminants, transformant cette initiative en un levier durable de sécurité, de développement et d’espoir pour la population de Tchomia et du territoire de Djugu.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top
Close