Tchad: l'ONU alerte sur le coût des escortes militaires payantes imposées dans l’est du pays

Depuis le début de la guerre au Soudan voisin en avril 2023, le Tchad fait face à un afflux de réfugiés sans précédent. Pour intervenir sur le terrain, les agences des Nations unies doivent presque systématiquement recourir à des escortes armées censées sécuriser leurs déplacements, à la différence des autres ONG qui elles se déplacent sans escorte. Mais dans un contexte de réduction drastique des financements occidentaux, le coût de ces escortes grève l’action humanitaire. Les agents sur le terrain plaident pour plus de flexibilité de la part des autorités tchadiennes.

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« L’utilisation systématique des escortes payantes à l’est (…) exacerbe des défis financiers », prévient OCHA, la coordination humanitaire des Nations unies au Tchad dans une publication daté du 27 novembre. 

Selon les accords en vigueur pour les déplacements dans l’est tchadien, l’ONU doit presque systématiquement recourir aux service du DPHR, le Détachement pour la protection des réfugiés et des humanitaires une unité spéciale de la gendarmerie. 

Dans la pratique, il faut payer pour tout déplacement la location d’un véhicule, le carburant ainsi qu’un forfait journalier pour chaque gendarme mobilisé. Pour l’ONU, ces escortes représentent un budget de plus de 900 000 dollars rien que pour l’année 2024. De quoi fournir une assistance à plus de 3 000 Tchadiens de la région ou plus de 1 700 réfugiés soudanais, selon le document.

Beaucoup d’argent en jeu

Sur le terrain, certaines actions d’aide aux réfugiés sont parfois annulées faute d’escortes, nous dit un chef d’agence. « Chaque dollar consacré au financement des escortes réduit la capacité à sauver des vies », résume OCHA qui rappelle qu’en principe « les escortes armées doivent rester une mesure de dernier recours, strictement justifiées par des menaces avérées ».

Parmi les humanitaires, on s’accorde à dire que les escortes sont encore nécessaires dans certaines zones où les braquages sont récurrents, mais que les autorités pourraient faire preuve de flexibilité sur les trajets plus courts et plus sûrs. À ce sujet, des discussions sont en cours avec le gouvernement depuis plus d’un an, mais elles se heurtent aux « réticences des autorités locales, car il y a trop d’argent en jeu », selon un humanitaire qui s’exprime sous couvert d’anonymat.

OCHA  plaide pour des solutions alternatives impliquant l’État tchadien et ses partenaires, sans préciser lesquelles. Ni OCHA, ni le gouvernement n’étaient disponibles pour commenter dans l’immédiat.

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