Ile Maurice: Statistics Mauritius – Modernisation numérique et crédibilité statistique au coeur de sa nouvelle ambition

Le rapport annuel 2024-2025 de Statistics Mauritius (SM) marque une étape décisive dans le repositionnement de l’institution comme un pilier central de la gouvernance économique. L’agence statistique décrit une année de transition profonde, où la modernisation numérique, la consolidation des compétences et l’intégration internationale s’imposent comme des priorités stratégiques.

Le directeur par intérim, Mukesh Dawoonauth, rappelle à cet effet l’ambition de produire des données plus fiables, plus transparentes et plus accessibles. Mais il souligne aussi une réalité : la demande croît plus vite que les capacités internes. Cette tension, présente dans de nombreux instituts statistiques, influence aujourd’hui l’agenda de SM.

L’un des chantiers les plus structurants est la création de MauStats, une plateforme numérique appelée à transformer la manière dont les données publiques sont collectées, gérées et diffusées. La première phase est déjà bouclée, avec plus d’un million de points de données migrés et des modules relatifs aux recensements, au commerce extérieur, aux données démographiques ou aux statistiques économiques désormais opérationnels. Le lancement complet est prévu pour fin 2025.


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Cette transformation ne se limite pas à la digitalisation : elle vise à aligner Maurice sur les standards internationaux de transparence et à offrir un accès simplifié aux chercheurs, entreprises et décideurs publics. Cette modernisation s’accompagne d’une vaste campagne interne de formation afin d’assurer la maîtrise des nouveaux outils et la qualité des données.

Le rapport insiste également sur le développement des compétences humaines, devenu indispensable dans un environnement méthodologique de plus en plus exigeant. Les nombreuses formations suivies par le personnel, allant de l’analyse des comptes nationaux aux statistiques migratoires ou environnementales, traduisent une volonté de renforcer l’expertise interne. La formation de cinquante agents en analyse de données illustre l’évolution des pratiques : la donnée ne doit plus seulement être collectée, mais interprétée et valorisée pour alimenter les politiques publiques.

La dimension internationale du travail de SM ressort également comme un élément clé de l’année dans ce rapport. La participation au programme ROSC (Reports on the Observance of Standards and Codes) du Fonds monétaire international (FMI) constitue un exercice stratégique, car il évalue l’intégrité, la rigueur méthodologique et la gouvernance des systèmes statistiques.

Une mission du FMI, à la demande du gouvernement, s’est livrée, rappelons-le, au début de l’année à une révision approfondie de la gouvernance des principales institutions publiques, dont SM, en vue de renforcer le système statistique afin d’éviter toute manipulation des données. Cela intervient notamment après que le document The State of the Economy a fait état de la falsification des chiffres, ainsi que de la méthodologie utilisée pour calculer les principaux indicateurs macroéconomiques du pays par l’ancien régime.

Ses conclusions devraient influencer la crédibilité du pays auprès des institutions financières, des investisseurs et de ses partenaires internationaux. Les projets européens ECOBUSAF (Economics and Business Statistics in Africa) et SOCSTAF (Social Statistics in Africa) vont dans le même sens, en favorisant l’harmonisation régionale des pratiques et en confirmant le rôle croissant de la statistique dans la diplomatie économique.

L’année a aussi été marquée par plusieurs enquêtes majeures, notamment le Census of Agriculture, le Living Conditions Survey, le Household Budget Survey ou le Visitor Survey. Ces travaux soutiennent des décisions essentielles en matière de sécurité alimentaire, de pauvreté, de pouvoir d’achat ou de performance du secteur touristique. Le respect intégral du calendrier de publication des indicateurs mensuels est un autre point notable du rapport : il renforce la prévisibilité et la confiance dans la statistique publique, un élément important pour les décideurs, les analystes et les institutions financières.

Malgré ces avancées, le rapport reconnaît plusieurs défis internes. Des postes clés restent vacants, les volumes de données augmentent plus vite que les ressources, et l’intégration méthodologique entre unités doit encore être renforcée. Ces contraintes rappellent que la transformation engagée nécessite des moyens additionnels et une stabilité organisationnelle accrue pour être pleinement efficace.

Au final, l’exercice 2024- 2025 apparaît comme une année pivot pour SM. Si les fondations sont solides, leur consolidation sera déterminante pour que la statistique publique mauricienne puisse jouer pleinement son rôle dans la planification économique, la transparence publique et la confiance des partenaires internationaux.

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