Coup d'État en Guinée-Bissau: le Nigeria se pose en défenseur de la démocratie

Le Nigeria a envoyé un signal diplomatique fort, en annonçant lundi 1er décembre avoir accordé l’asile politique à l’opposant bissau-guinéen Fernando Dias, qui a trouvé refuge au sein de l’ambassade du Nigeria en Guinée-Bissau. Cette annonce survient au moment où le pays le plus peuplé d’Afrique est la cible d’attaques répétées de la part des États-Unis et fait face à une situation sécuritaire inquiétante à domicile. Il s’agit d’une stratégie diplomatique du président nigérian Bola Tinubu, qui se pose en défenseur de la démocratie dans la sous-région, à un moment pourtant critique sur le plan intérieur.
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En fin de semaine dernière, l’ancien président du Nigéria Goodluck Jonathan, chef de la mission d’observation électorale de la Cédéao en Guinée-Bissau, s’est entretenu avec le président dès son retour au Nigeria. Le lendemain, le ministère des Affaires étrangères nigérian annonçait « accorder l’asile politique » et « fournir une protection à Fernando Dias », adversaire du président Umaro Sissoco Embalo lors de cette présidentielle Bissau-Guinéenne.
En offrant asile et protection à l’opposant Fernando Dias, Bola Tinubu fait « un geste politique stratégique et calculé », selon l’analyste Deji Ajomale cité par la presse nigériane. Cette prise de position rappelle l’attitude intransigeante de Bola Tinubu après le coup d’État au Niger en 2023, mais elle s’inscrit aussi dans une tradition plus ancienne.
Interventions avec la Cédéao dans les années 1990
À la fin des années 1990, le Nigeria a effectivement joué un rôle majeur dans les interventions militaires de la Cédéao en Sierra Leone et au Liberia, où l’offensive des troupes nigérianes avaient permis le retour au pouvoir du président Ahmad Tejan Kabbah en 1998. Deji Ajomale estime que la multiplication des coups d’État dans la région ne laisse « pas d’autre choix » au Nigeria que « d’affirmer son engagement envers la gouvernance démocratique ».
Mais pour Cheta Nwanze, du cabinet SBM Intelligence, il s’agit surtout « d’un geste à faible coût mais à forte visibilité », qui permet au président Tinubu de « gagner des points auprès de la communauté internationale », mais qui ne règlera pas les difficultés des Nigérians, confrontés à une situation économique et sécuritaire catastrophique.
Cheta Nwanze estime même que la protection accordé à Fernando Dias risque d’envoyer un « message incohérent ». « Bola Tinubu ne défend pas la démocratie, il choisi un camp dans une lutte de pouvoir confuse », regrette l’analyste.
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