RDC: un procès fictif pour sensibiliser les étudiants au droit de l'environnement

Alors que la pollution, l’insalubrité ou encore les déboisements affectent fortement la RDC, les procédures judiciaires liées à l’environnement restent marginales. Un collectif de la société civile tente d’y remédier en promouvant le droit environnemental dans les universités. Mardi 2 décembre, à Kinshasa, l’ONG Juristes pour l’environnement a organisé la finale d’un procès fictif destiné à stimuler l’intérêt des étudiants et de la communauté pour cette discipline. La fuite récente vers plusieurs quartiers de la ville de Lubumbashi d’effluents industriels issus du bassin de rétention d’une filiale d’un géant chinois de Cobalt était au cœur du procès simulé.
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Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
Le dossier serré entre les mains, une dizaine d’étudiants revêtus de toges d’avocats, avancent en groupe avant de se répartir en deux camps face à un jury. La scène a tout d’un véritable procès, même s’il s’agit de la finale d’un concours qui oppose l’université catholique du Congo à l’université protestante.
Felix Malikuka, responsable l’ONG Juristes pour l’environnement explique : « Nous avons compris que les juristes ont très peu d’intérêt sur des questions environnementales. Le procès fictif, c’est juste un moyen pour les initier à l’ABC, mais aussi à la profondeur du droit de l’environnement. Nous voulons, demain, après-demain, avoir des véritables cas de violations du droit de l’environnement déférées devant la justice et voir leurs auteurs être condamnés sévèrement. L’écocide sera une réalité en RDC ».
« Les gens ne connaissent pas les règles du droit de l’environnement »
Pour le professeur Kalume, président du jury, ce manque d’engouement s’explique. « Les gens ne connaissent pas les règles du droit de l’environnement. Les avocats n’ont pas une grande formation ni une grande spécialisation. Les magistrats eux-mêmes ne sont pas dans l’étude du droit particulier au droit de l’environnement. Avec ce genre d’activités, il y a une grande ouverture », explique-t-il.
Le professeur plaide même pour une juridiction spécialisée. « On peut aussi avoir un tribunal du droit de l’environnement. C’est possible. Un parquet et ainsi de suite. Parce que même les magistrats, pour constater les infractions en matière d’environnement, ont le réflexe des matières pénales qu’ils veulent appliquer en matière d’environnement », dit-il.
L’ONG à la base de ce concours pense étendre ses initiatives à travers les grandes villes du pays.
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