Cote d'Ivoire: Déclaration du ministre de la Construction à l'occasion de la 76e Journée mondiale de l'urbanisme

Thème : « Avec une planification urbaine adéquate, nous pouvons y arriver »
Mesdames et Messieurs,
Chaque 08 novembre, la communauté internationale célèbre la Journée mondiale de l’Urbanisme, un moment de réflexion collective sur l’avenir de nos villes et sur la manière dont nous devons les planifier pour qu’elles demeurent des espaces de progrès, de justice et de cohésion sociale.
Restez informé des derniers gros titres sur WhatsApp | LinkedIn
Cette année, j’ai choisi de m’adresser à vous à l’issue du Mois de l’Urbanisme, plutôt qu’à la seule date du 08 novembre. Cette prise de parole volontairement différée vient clore un cycle d’activités, de concertations et de réflexions menées tout au long du mois, et inscrire ce message dans une dynamique plus large, enrichie des enseignements recueillis et des priorités exprimées par les acteurs du secteur. Mon message n’est donc pas une simple formalité : il constitue l’aboutissement de ce cycle et vient en sceller la portée nationale.
Le thème retenu pour cette 76e édition, « Avec une planification urbaine adéquate, nous pouvons y arriver », rappelle une vérité fondamentale : l’urbanisme n’est pas qu’un outil technique ; c’est un instrument de transformation sociale, économique et un vecteur de dignité pour tous.
Mesdames et Messieurs,
Nous vivons une époque où les villes concentrent à la fois les plus grandes opportunités et une part essentielle des défis de notre temps. Elles sont le moteur de la croissance, de l’innovation et de la créativité, mais aussi les espaces où s’expriment avec le plus d’intensité les défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels l’humanité doit faire face.
Aujourd’hui, 57% de la population mondiale réside en milieu urbain, et cette proportion devrait atteindre 68% d’ici 2050. Pourtant, ces territoires qui ne couvrent que 2% de la surface terrestre consomment plus de 70% de l’énergie mondiale et génèrent l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre. Ils produisent, dans le même temps, plus de 80% de la richesse mondiale, tout en abritant près d’un milliard de personnes vivant dans des conditions précaires.
Dans notre pays, les transformations sont tout aussi profondes.
En moins d’un demi-siècle, la population urbaine est passée de 32% en 1975 à 53% en 2021, faisant de la Côte d’Ivoire un pays désormais majoritairement urbain. L’un des changements les plus marquants réside dans l’explosion du nombre de villes : 127 en 1998, 393 en 2021, soit une multiplication par trois en seulement 23 ans.
Cette croissance fulgurante, stimulée par le dynamisme de notre économie et l’aspiration légitime de nos concitoyens à de meilleures conditions de vie, exerce une pression considérable sur nos villes. Sans encadrement adapté, elle peut favoriser la prolifération des lotissements informels, la dégradation de l’environnement, la congestion urbaine, ainsi qu’une pression accrue sur les infrastructures et les services publics.
Mesdames et Messieurs,
Il est donc impératif que chaque décision en matière d’aménagement du territoire s’appuie sur une vision claire, stratégique et cohérente. Planifier n’est pas un simple acte administratif : c’est un choix politique, un devoir de responsabilité envers les générations futures.
C’est dans cet esprit que, sous la haute autorité de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République, le Gouvernement a fait de la planification urbaine une priorité nationale.
Grâce à un cadre juridique profondément modernisé, avec l’adoption du Code de l’Urbanisme et du Domaine Foncier Urbain entre autres, la Côte d’Ivoire structure désormais son développement territorial de manière plus cohérente et durable, sécurise davantage le foncier, oriente mieux les investissements publics et privés et améliore progressivement le cadre de vie urbain.
Dans ce cadre renouvelé, nos outils de planification urbaine s’articulent autour de documents essentiels :
- les Schémas Directeurs d’Urbanisme (SDU), qui définissent les grandes orientations de développement
- les Plans d’Urbanisme Directeurs (PUD), qui organisent les axes structurants des agglomérations
- les Plans d’Urbanisme de détail (PUd), qui fixent l’occupation fine et opérationnelle des sols
- et les Schémas de Structure, applicables dans les zones non couvertes par un SDU ou un PUD.
Aujourd’hui, cinquante-deux (52) localités disposent déjà de documents de planification urbaine. Parmi elles, trois grandes villes (Abidjan, Yamoussoukro et Bouaké) sont dotées d’un Schéma Directeur d’Urbanisme (SDU), tandis que trente-et-une (31) villes chefs-lieux de région et plusieurs communes satellites bénéficient d’un Plan d’Urbanisme Directeur (PUD).
À cela s’ajoutent quatre-vingts (80) chefs-lieux de département et de sous-préfecture dont les PUD et PUd sont en phase avancée de finalisation. Et dans la poursuite de ce vaste programme national, soixante-six (66) chefs-lieux de sous-préfecture érigés en communes verront prochainement l’élaboration de leurs PUD et PUD.
Ces initiatives illustrent l’engagement résolu de l’État à doter l’ensemble de nos villes d’outils de planification modernes, afin de garantir un développement harmonieux, durable et inclusif, un développement capable de répondre aux besoins des populations d’aujourd’hui tout en préservant les droits des générations à venir.
Ces avancées témoignent d’une volonté constante de bâtir des villes structurées, résilientes et inclusives, où chaque citoyen peut évoluer dans un cadre de vie digne, sécurisé et porteur d’opportunités.
Mesdames et Messieurs,
À une époque où les risques climatiques s’intensifient et où les technologies redéfinissent la vie urbaine, la planification ne peut plus se limiter à organiser l’espace. Elle doit devenir un instrument d’anticipation, de protection et d’innovation. Elle doit intégrer les grands défis contemporains, notamment la disponibilité du logement, une mobilité fluide et durable, la gestion efficiente des ressources, la réduction des inégalités sociales et spatiales, ainsi que la résilience climatique.
La Côte d’Ivoire s’inscrit résolument dans cette dynamique. C’est pourquoi le Gouvernement a initié plusieurs réformes et projets structurants, notamment :
l’opérationnalisation du Système Intégré de Gestion du Foncier Urbain (SIGFU), qui modernise la chaîne foncière urbaine et renforce la transparence ;
la mise en œuvre du Projet de Transport Urbain d’Abidjan (PTUA), pour fluidifier la mobilité, renforcer la sécurité et améliorer les déplacements dans un Grand Abidjan marqué par la congestion ;
l’introduction de l’Attestation de Droit d’Usage coutumier (ADU), qui remplace l’ancienne attestation villageoise et sécurise durablement les droits fonciers dans un cadre légal modernisé ;
le lancement du Projet d’Aménagement des Quartiers Restructurés d’Abidjan (PAQRA) et du Projet d’Aménagement du Quartier Bardot (AQABA) à San Pedro, qui démontrent que la planification peut être un puissant instrument d’inclusion, de justice sociale et de stabilité.
Nous agissons également pour élargir l’accès au logement, notamment à travers le Programme Présidentiel de Construction de Logements Sociaux et Économiques et le Programme d’Urgence de 25 000 logements. Parallèlement, nous poursuivons la modernisation des services urbains grâce à l’adressage national, à la numérisation des procédures et à une programmation mieux coordonnée des projets d’aménagement, y compris dans les villes de l’intérieur.
La planification préventive et les Zones d’Aménagement Différé constituent, à cet égard, des leviers essentiels pour anticiper les besoins, réduire les inégalités et protéger les générations futures.
Ces actions participent toutes d’une même ambition : celle de mieux préparer l’expansion des villes ivoiriennes, de réduire les vulnérabilités et de préparer l’avenir de nos villes.
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi d’insister sur un point essentiel : la réussite de la planification urbaine dépend de chacun d’entre nous. C’est pourquoi, l’implication active de nos concitoyens, à toutes les étapes de la planification et de sa mise en œuvre, est indispensable.
J’en appelle donc à la responsabilité de tous, car le respect des normes urbanistiques n’est pas seulement une exigence administrative ; c’est aussi un devoir citoyen. Chaque habitant, chaque propriétaire, chaque acteur local doit être un partenaire actif de l’État dans la construction d’un cadre de vie harmonieux et durable.
J’invite donc l’ensemble de nos populations à s’approprier les outils de planification urbaine, à participer pleinement aux concertations publiques et à collaborer avec les autorités locales. C’est ainsi que nous pourrons prévenir les occupations anarchiques, protéger nos espaces et garantir la viabilité de nos villes.
C’est collectivement, dans un esprit de civisme, de dialogue et de responsabilité partagée, que nous bâtirons des villes mieux organisées, plus sûres et résolument tournés vers l’avenir.
Mesdames et Messieurs,
En ce mois dédié à la célébration de l’Urbanisme, je réaffirme l’engagement du Ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme à faire de la planification urbaine une priorité nationale.
Planifier nos villes, c’est anticiper les besoins de demain, garantir la sécurité et le bien-être de nos concitoyens, et créer les conditions d’un développement durable et mieux maîtrisé. Parce qu’avec une planification urbaine rigoureusement appliquée, c’est effectivement possible :
- d’offrir des logements décents ;
- de bâtir des territoires résilients ;
- de réduire les inégalités sociales et spatiales ;
- et de préparer un avenir à hauteur d’homme pour chaque citoyen.
Ensemble, faisons de l’urbanisme un levier de progrès, de cohésion sociale et de prospérité pour notre pays.
Vive la Journée mondiale de l’Urbanisme !
Vive le Mois de l’Urbanisme !
Vive une Côte d’Ivoire plus durable, plus harmonieuse et plus prospère !
Je vous remercie.


