Comores: un documentaire brise le silence sur les violences sexuelles, un sujet encore tabou

À Moroni, l’association Mvukisho Ye Masiwa (Sauvegarde de l’archipel) a présenté, vendredi 28 novembre, en partenariat avec African Women Leaders Network Comores, un documentaire inédit. Un travail de quatre ans consacré aux violences sexuelles au sein de la communauté comorienne dans l’archipel, mais aussi au sein de la diaspora comorienne, en France.
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Avec notre correspondant à Moroni, Abdallah Mzembaba
La projection de ce documentaire a été organisée dans le cadre des seize jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, pour sensibiliser et encourager la libération de la parole. Le film, d’une durée de deux heures, réunit plusieurs voix et interroge les enjeux sanitaires, sociaux et culturels qui entourent encore ce sujet.
Le documentaire alterne entre définitions, analyses de spécialistes et témoignages. Ceux de femmes et d’hommes qui racontent, parfois à visage découvert, les violences subies et les conséquences sur leur parcours.
Pour Nouria N’gazi, présidente de Mvukisho Ye Masiwa et elle-même victime de pédocriminalité, cette démarche répond avant tout à une urgence : « On a décidé de réaliser ce documentaire pour donner la parole aux victimes, pour montrer aux potentielles victimes qui n’osent pas parler que les victimes ce sont toi, moi. C’est n’importe qui. C’était aussi pour montrer le volet de la culture du viol dans la communauté comorienne du fait de notre éducation, ça favorise en tous les cas. »
Dans la salle, l’émotion est palpable. Le sujet des violences sexuelles est encore tabou au sein de la société comorienne. Les victimes doivent souvent faire face à la pression sociale.
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Rendre visibles ces réalités longtemps tues
Les spectateurs ont salué la force des récits et l’importance de rendre visibles ces réalités longtemps tues. Parmi eux, Mahamoud Ali Ahmed : « Ce sont les témoignages à visage découvert, pour certains, qui témoignent de leur force de caractère. Il faut avoir le courage d’en parler, de le dire ouvertement, parce que c’est un problème de société aujourd’hui aux Comores qui n’est pas assez mis en avant. C’est important qu’il y ait un public jeune qui entende ces vérités-là qui sont souvent cachées, par pudeur, plus qu’autre chose. »
Les organisateurs le rappellent : la sensibilisation ne fait que commencer. Des tournées sont prévues dans les écoles et les villages. Et un projet de structure d’accueil pour les victimes est en réflexion.
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