Mali: l'essence est de retour, la joie prudente des Bamakois

Au Mali, cela fait presque une semaine que les Bamakois n’ont plus de difficultés pour faire le plein. Depuis début septembre, les attaques jihadistes du Jnim contre les camions citernes avaient provoqué une pénurie massive de carburant. Ailleurs dans le pays, les manques se font toujours ressentir, mais dans la capitale, grâce au renforcement des escortes militaires et à l’accélération du dédouanement, la situation est presque revenue à la normale. L’enthousiasme est unanime, mais la menace jihadiste n’ayant pas disparu, l’appréhension demeure.
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« Je suis dans les embouteillages ! », s’exclame vendredi 28 novembre une Bamakoise, à qui cela n’était plus arrivé depuis longtemps. « Ça ne me manquait pas, plaisante-t-elle, mais c’est un signe de la reprise des activités. » Un autre souffle : « Je peux à nouveau aller au travail, et je n’ai plus peur de manquer mes rendez-vous. »
Depuis lundi 24 novembre, la grande majorité des stations-service de la capitale du Mali a rouvert, et les files d’attentes ont quasiment disparu. La satisfaction est immense, à la mesure des difficultés traversées ces deux derniers mois.
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« Soulagé, pour le moment »
Pour autant, c’est une joie prudente qui s’exprime en cette fin de semaine à Bamako. « Je suis soulagé pour le moment, en attendant, avance un Bamakois avec mesure. Nous sommes toujours inquiets, la crise n’est pas totalement derrière nous. » Un autre se dit « dubitatif », car « ce qui s’est passé est vraiment inédit », rappelle-t-il, pas encore rassuré sur la suite des événements.
Les escortes militaires de camions citernes, assurées par les soldats maliens et leurs supplétifs russes de l’Africa Corps, parviennent de plus en plus à passer les mailles du blocus jihadiste. Pour autant, certains axes routiers demeurent impraticables, et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim) a récemment promis de durcir son action.
Plusieurs témoins racontent ainsi comment de nombreux Bamakois, et même des entreprises, profitent de la disponibilité actuelle de l’essence pour constituer des stocks, au cas où la situation se dégraderait à nouveau. « Moi, je ne le fais pas, jure l’un d’entre eux, c’est interdit et c’est dangereux ! »
Solidarité avec les régions
S’il est enfin permis de se réjouir, l’imprévisibilité des jours à venir incite toutefois les Bamakois à une certaine retenue. La solidarité avec le reste du pays aussi : à Ségou, San, Koutiala, Mopti, Dioila, Koulikouro ou encore Nioro, la pénurie reste prégnante. Les autorités de transition promettent d’approvisionner la semaine prochaine les régions dites « critiques ».
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