Soudan: exécutions sommaires, viols, tortures… le cauchemar d'El-Fasher raconté par des témoins

Dans un rapport publié le 25 novembre, l’organisation de défense des droits humains Amnesty international publie une trentaine de témoignages d’habitants de la ville soudanaise d’El-Fasher qui ont réussi à prendre la fuite. Tous rapportent des massacres et des exactions à grande échelle lorsque les paramilitaires du général Hemedti se sont emparés de la cité, le 26 octobre 2025.
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Un mois après la prise de la ville soudanaise d’El-Fasher par les Forces de soutien rapide (FSR) au terme de 18 mois de siège, le 26 octobre, la capitale du Darfour du Nord est toujours inaccessible et aucun bilan humain de l’assaut n’est encore disponible. Toutefois, différents témoignages d’habitants qui ont pu fuir la cité au moment de l’arrivée des paramilitaires permettent de se faire une idée du cauchemar qui s’est installé sur place au moment où ils ont pris le contrôle des lieux.
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Dans un rapport publié mardi 25 novembre, l’organisation de défense des droits humains Amnesty international en publie une trentaine qui font état de massacres, de viols et de tortures à grande échelle. Si les noms de leurs auteurs ont été modifiés, leurs propos sont glaçants, d’autant plus qu’ils ne représentent qu’une infime partie de ce que les habitants d’El-Fasher ont enduré.
« Ils prenaient plaisir à tirer sur les gens »
Il y a par exemple le témoignage d’Ahmed, dont la femme a été tuée par un éclat d’obus lors de leur fuite et qui est sans nouvelle de ses deux enfants. Il y a aussi celui de Khalil qui, après avoir réussi à franchir le fossé creusé tout autour d’El-Fasher par les hommes du général Hemedti, a été rattrapé par ces derniers en compagnie d’autres habitants de la ville. Les paramilitaires les ont alors obligés à s’allonger et leur ont tirés dessus. Lui n’a survécu qu’en faisant le mort.
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« Ils prenaient plaisir à tirer sur les gens, ils riaient », raconte de son coté Badr, qui confie avoir vu un soldat des FSR filmer l’exécution d’un homme suppliant sa famille au téléphone de payer une rançon pour sa libération.
Certains témoignages rapportent aussi des violences sexuelles comme en a subi Ibtisam. Après avoir été violée, cette mère a découvert que sa fille de 14 ans, les vêtements déchirés et tâchés de sang, avait subi le même sort. Cette dernière est morte quelques jours plus tard dans le camp de réfugiés de Tawila.
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Face à toutes ces exactions, Aymeric Elluin, responsable de plaidoyer à Amnesty International, estime que l’on peut sans aucun doute affirmer être en présence de faits susceptibles d’être qualifiés de crimes de guerre et leurs auteurs être, par conséquent, poursuivis par la justice internationale.
Ces témoignages sont indispensables : ils permettront de documenter les crimes, de mettre en cause leurs responsables, mais ce que nous craignons, c’est que d’autres informations sortent encore.
Aymeric Elluin, responsable de plaidoyer à Amnesty International



