Guinée Bissau: Après la prise de contrôle du pays par des militaires, la population aspire au calme

La situation reste tendue en Guinée-Bissau, où des militaires affirment avoir renversé le président Umaro Sissoco Embalo. Jeudi 27 novembre, le général Horta N’Tam a été investi président de la transition et placé à la tête du Haut commandement militaire. Les militaires ont aussi proclamé la « suspension du processus électoral », plongeant la population dans une grande incertitude et un climat d’inquiétude. Dans les rues presque désertes de Bissau, les quelques personnes croisées expriment surtout leur désir de voir la situation revenir à la normale.

La capitale est totalement paralysée ce 27 novembre, au lendemain de la prise de contrôle de la Guinée-Bissau par des militaires. Les rues de Bissau sont vides et l’activité est au point mort, constate notre envoyée spéciale, Eva Massy. Comme la veille, les commerces ont baissé leurs rideaux. Les artères de la capitale sont désertes et la circulation est inexistante. Les rares personnes encore dehors acceptent de parler, mais sous couvert d’anonymat. Un jeune homme assure pourtant garder confiance :

« Hier (mercredi 26 novembre), j’ai été très surpris par les tirs près du palais présidentiel. Mais aujourd’hui, je me sens plus calme. Le seul problème, c’est de trouver de quoi manger avec tous les magasins fermés. J’espère que d’ici un jour ou deux, la situation redeviendra normale. »

« On espère seulement que tout va s’apaiser »


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Un peu plus loin se trouve la Commission nationale des élections. Ses abords sont entièrement bouclés et des militaires patrouillent la zone. Là aussi, les rues sont désertes. Un commerçant est tout de même sorti brièvement pour vérifier l’état de sa boutique, avant de rentrer chez lui. Il confie :

« On attend peut-être jusqu’à demain. On ne travaille plus depuis hier, c’est difficile. On ne comprend pas ce qui se passe avec le président, on espère seulement que tout va s’apaiser. On aimerait entendre ce qu’il a à dire. Et j’attends aussi les déclarations du président de la Commission nationale des élections. J’espère vraiment que les choses vont revenir à la normale. »

«Nos dirigeants devraient prendre en compte les difficultés que cette situation provoque. Les renversements de pouvoir à répétition, c’est vraiment compliqué !»

La population de Bissau dans l’expectative

Eva Massy Dans la journée, des coups de feu ont été signalés près du domicile de l’opposant Fernando Dias, qui a échappé la veille à une attaque menée par des hommes armés, lors de laquelle Domingos Simões Pereira a été arrêté. Les militaires ayant pris le contrôle du pays ont suspendu le processus électoral, plongeant les Bissau-Guinéens dans une grande incertitude quant aux jours à venir.

Dans un communiqué publié jeudi dans la soirée, le Haut commandement militaire pour la restauration de la sécurité nationale et de l’ordre public a annoncé la levée du couvre-feu obligatoire à partir de ce vendredi 28 novembre. Il a ordonné également la réouverture des institutions publiques et privées, ainsi que celle des écoles et des commerces. Les militaires précisent par ailleurs que « l’ex-président » Umaro Sissoco Embalo est sain et sauf et demeure sous leur contrôle. Un peu plus tard dans la soirée, le Sénégal a annoncé que le président destitué était arrivé sur son sol, dans un avion affrété par Dakar.

La Russie « préoccupée », la Cédéao tacle un « coup d’État »

À l’international, la situation en Guinée-Bissau suscite de nombreuses réactions. En première ligne : la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui exprime sa « profonde préoccupation » quant à l’arrestation du président destitué Embalo et à celles d’opposants politiques et de membres de la Commission nationale électorale. La Cédéao dénonce « un coup d’État qui a illégalement interrompu le processus électoral à un stade décisif » et une situation « qui représente une menace directe pour la stabilité de la région ».

Le son de cloche est le même du côté de l’Union africaine, qui « condamne sans équivoque » le coup d’État. Individuellement, plusieurs pays ont aussi réagi. L’Afrique du Sud déplore « un mépris pour l’ordre constitutionnel », tandis que le Ghana exprime sa « profonde amertume face à cette tentative de renverser la volonté du peuple ».

Hors du continent, la Russie se dit « préoccupée ». Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, partage cette inquiétude et appelle au respect de l’État de droit. L’Union européenne, quant à elle, appelle au retour à l’ordre constitutionnel, ainsi qu’à la reprise du processus électoral. « Le décompte électoral […] interrompu par une intervention militaire […] doit reprendre comme prévu » et « les résultats des élections présidentielle et législatives doivent être respectés » affirme son communiqué.

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