Kenya: la justice déclare illégale une loi sur les semences, une première en Afrique

C’est une première en Afrique. Une cour de justice kényane, à Nairobi, a déclaré une loi sur les semences illégales. Ce texte, instauré en 2012, interdit le partage et la vente de graines indigènes, et oblige les agriculteurs à n’utiliser que des semences brevetées. En 2022, un collectif de fermiers a déposé une plainte contre cette loi, qu’il considère contraire à la Constitution. La justice kényane leur a donné raison.
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Avec notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix
Les agriculteurs laissent exploser leur joie quand la justice kényane leur donne raison. « C’est le plus beau jour de ma vie ! On est maintenant libéré des industriels. Sans cela, on aurait perdu notre souveraineté sur nos semences, on ne pourrait plus choisir la nourriture que l’on produit. Notre nation serait devenue esclave des autres nations productrices de semences », se réjouit Justus Mwololo, le président du Forum kényan des petits agriculteurs.
Graines brevetées de meilleure qualité ?
Pour les autorités kényanes, la loi sur les semences devait favoriser la sécurité alimentaire, car les graines brevetées seraient de meilleure qualité. Une vue de l’esprit, selon Elizabeth Atieno Opolo de Greenpeace Afrique. « Les semences indigènes se transmettent depuis des générations, elles s’adaptent. Ce jugement oblige le gouvernement à revenir vers les communautés, explique-t-elle. Profitons de leurs connaissances, améliorons leur banque de graines et ainsi, on n’atteindra pas seulement la sécurité, mais la souveraineté alimentaire. »
« C’est un système pour nous coloniser à travers la nourriture »
Pour Mary Kathomi, de l’ONG Kilimo Cha Haki, cette victoire contre la loi sur les semences n’est qu’une première étape d’un long combat. « Cette loi représentait les prémices à la légalisation des organismes génétiquement modifiés. Les OGM ne peuvent fonctionner que si le partage de graines devient illégal. On l’interdit, donc on légalise les OGM, on instaure une loi punitive. C’est un système pour nous coloniser à travers la nourriture », précise Mary Kathomi.
En 2022, les autorités kényanes ont autorisé l’importation et la culture d’OGM. Cette décision a été suspendue temporairement par la justice en mars.
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